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Posté le 10 novembre 2007 dans 38degres, au fil des projets, I love you -> lien permanent
Histoires De Carrés

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"Une image numérique est composée de points élémentaires î les pixels î assemblés en une mosaà¯que rigoureusement ordonnée, généralement celle de l’écran vidéo ou de la page imprimée. Chaque pixel occupe une place strictement déterminée par l’ordinateur et se voit attribuer une couleur précise parmi un nombre de couleurs possibles qui peut dépasser couramment les seize millions."*

Depuis le début de mon travail sur l’image je suis à  la recherche d’une adéquation entre mes expériences et la réalité objective des productions : je cherche à  faire des images dont la forme raconte aussi leur réalité d’image. Je ne cherche pas à  développer une certaine tautologie ni une pratique autoréférentielle, mais à  fabriquer des images qui ne s’affirme pas des extraits du monde ni des représentations synthétiques : ce sont des objets, des matières.

J’ai une pratique de l’image numérique, le pixel le petit carré, le plus petit élément de composition de l’image est fondamental pour moi. Ce n’est pas que j’en fasse le sujet de mes images mais il est important qu’il ne soit pas maquillé. Nombre de moyens de restitutions des images utilisent de procédés algorithmiques qui permettent d’adoucir plu sou moins intelligemment l’image quand on l’agrandit ou de la densifier quand on la réduit de façon à  ne pas troubler notre regard comme si le lisse était plus vrai que le crénelé. Car ce qu’on cherche à  cacher par ces procédés c’est le pixel, les mosaà¯ques qui fondent les images digitales.

Évidement c’est plus agréable de regarder un film lisse, c’est plus se facile de projeter dans la fiction d’une image qui se fait oublier, c’est même certainement nécessaire ( en tout cas au début, avant de plonger). C’est plus facile par ce que cette matière serait perçue comme un défaut î tout simplement parce qu’elle ne s’intègre pas au processus narratif, parce que le film ne raconte pas l’image.

artémisia, portait d'une passion, 2004 - 0013 - page

Il y a quelques années j’écrivais les premières versions de Chi Ocsha. J’écrivais un film dont l’histoire était la relation entre le personnage et le film, où l’image était de toute évidence un élément de la narration, où la forme cinématographique hollywoodienne était à  un certain moment elle-même la proposition narrative, les transformations se faisaient à  la surface, physiquement dans l’image, le personnage suivait sa route et sa quête se reflétait dans la qualité réelle de ce qui était perçu, Le parcours initiatique du personnage mettait en danger le film, il détruisait peu à  peu la surface apparente de la fiction. Depuis el projet s’est porté sur internet mais on peut toujours lire î peut-être plus discrètement î cette histoire de la forme…

Mon travail photographique vise à  raconter une histoire plastique entre le sujet et sa photographie. C’est pour cela que je photographie encore et encore les images sur différentes surfaces d’affichages. A Chaque fois qu’une image se montre quelque part, elle prend une certaine forme qui est dépendante des moyens dont elle dispose pour s’exposer. A chaque fois il y a une nouvelle aventure î ne serait-ce qu’un reflet sur l’écran à  cet instant qui vient couvrir la protection plastique d’un reflet presque opaque légèrement teinté de jaune…

Les carrés viennent de tout ça. Si 38 degrés se modélise par des ensembles de carrés, des mosaà¯ques d’images, c’est que cela forme la matrice du projet. Le livre prend cette forme parce que les jeux entre ces images viennent de leurs parentés, de leurs voisinages.

it's all about love - carnet page 00-01

L’accrochage suit la même histoire. A partir d’une dimension de base, 160/160 ou 150/150 î à  voir selon la difficulté à  faire imprimer de belles images du plus grand format î les formes e fragmentent dans leur racine carrée. C’est-à -dire qu’il n’y aura que des mosaà¯ques d’images carrées. Des carrés et des racines. Là  intervient le jeu. C’est-à -dire que out cela répond à  une démarche qui n’est pas scientifique. Et quand Je me suis posé la question des interstices qu’il y aurait ou non entre les images des mosaà¯ques j’ai triché sur les règles : je n’ai pas envie qu’il n’y en ait pas. Si je joue le jeu de la mathématique î et que je ne triche pas, plus les images sont petites plus les modules d’accrochages seront grands : 64 images de 20/20 espacées d’un centimètre cela fait une forme de 167/167cm… pas 160. Donc, l’arbitraire prend sa place et je ne respecterais certainement pas les mathématiques pour garder la cohérence globale que je cherche. Je crois. Il se peut que je change d’avis. C’est ça le jeu : il y a des règles mais serait assez fou pour trop les respecter. Les contraintes sont là  pour être bousculées. Mais tout reste carré.

camacaturam 150 ca 3329

Pixel, photographie, mosaà¯que. Les lignes droites assiègent les images par leur logique mais le corps avec la couleur sait se libérer de la folie par la poésie. Je pourrais continuer le mouvement de la photographie à  l’infini en réduisant à  chaque pas les choses à  l’essentiel de ce qui me touche et me submerge. Mais ce que j’aime, je crois c’est de voir toutes ces portes ouvertes, de tenter de temps en temps d’y aller mais en restant un peu loin, en admiration devant ces paysages abstraits.

It's all about love - flyers - 02

* Edmond Couchot, Professeur émérite des universités, Encyclopédie Universalis
It’s all about love / les images au fil du projet sur flickr

 

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