Ceux qui croient que la mode leur impose depuis quelque temps un « retour » à la peinture sous ses aspects les plus traditionnels, que tous les artistes se plongent avec délectation dans la redécouverte de leur métier et de ses techniques anciennes, que même l’acrylique a un aspect « moderniste ringard » à côté de l’huile et du pastel éternels, ceux-là ont tort. En compensation de ce mouvement ou en réaction contre lui, il n’y a jamais eu autant que ces dernières années, nous semble-t-il, d’intérêt pour la technologie, son utilisation et parfois sa peNersion par des artistes dont les mains sont plus exercées au digitalisme des claviers électroniques qu’au maniement du pinceau. Autrement dit, le postmodernisme qui prêche la renaissance d’un art d’avant l’ère des ruptures (Cézanne, cubisme, dadaïsme … ) est exactement contemporain d’une fabuleuse implantation des technologies nouvelles dans le domaine artistique, avec d’ailleurs un caractère un peu« sixties revival ». Bien sûr, sciences et techniques ont mis depuis à la disposition des artistes des outils neufs ; il y a vingt ans, personne ne parlait d’holographie, la vidéo et l’ordinateur ne connaissaient pas encore l’essor qui est le leur aujourd’hui. Et c’est tout le mérite de l’exposition Electra, présentée jusqu’au 31 janvier au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et conçue par l’un des principaux spécialistes de la question, Frank Popper, de nous permettre de confronter des oeuvres désormais historiques aux expériences les plus récentes (certaines réalisées spécialement pour l’exposition). Mais la question que nous souhaitons poser au travers de notre dossier est la suivante : au-delà du renouvellement des techniques, les idées évolùentelles ? Le mariage art et technologie peuH encore se célébrer avec l’enthousiasme qui fut celui des futuristes. ou dans l’euphorie qui fut celle de la société expansionniste des années 60 ? Ferons-nous preuve de la même naïveté en entretenant l’idéologie qui a sous-tendu ces époques : celle d’une harmonie universelle, d’une meilleure communication entre les hommes ? Les post-modernes ne sont pas tout seuls à entretenir quelques archaïsmes.