En 2001 avec le collectif ewmo, j’ai monté une pièce de danse et de vidéo de 190 minutes pour le tnt (lieu incontournable de la danse à Bordeaux) qui était invité à présenter des artistes au centre national de la danse à Paris. Phex mettait en scène plastiquement une chorégraphie portée par Morgane Bébin et Isabelle Claus.
Il y a quelques jours j’ai rencontré Caroline Desmaison, elle est danseuse. Elle est venue à la maison et nous nous sommes montrés des vidéos… J’ai été très touché. La rencontrer m’a donné envie de revenir sur ce que j’avais fait. A l’époque, avec le tnt, J’avais été très attiré par le rapport entre la danse et la vidéo. Ma démarche était encore très expérimentale et le résultat s’est cantonné à ce que j’estime une simple série d’essais. Je n’ai pas tellement poussé le travail avec les danseuses… Donc aujourd’hui que reviennent ces sensations à la surface, j’ai envie de reprendre les ces pistes de la danse et de la vidéo.
J’ai très vite fait quelques essais comme ça avec des images que je n’ai pas filmés pour voir quelles pistes se dégageraient plastiquement et formellement de la danse dans mon univers pictural. Le corps en mouvement laisse une trace dans l’image compressée, l’image se recompose au fil de ses mouvements. Le corps pourrait générer complètement ce qui l’entoure, il pourrait peindre son décor…
J’ai souvent critiqué des oeuvres qui ne s’attardaient pas assez à mon sens sur quelque aspect formel puissant. Mais j’ai l’impression aujourd’hui qu’en ne faisant que cela je passerais à côté de quelque chose. C’est à dire que si je m’engageais dans un film qui serait l’expression de ces idées que j’ai avec la vidéo et la danse cela se fermerait et cela ne ferait rien.
Ce n’est pas comme quand je travaille avec un paysage où la réalité du paysage est inconditionnelle, elle est naturelle. J’ai le sentiment qu’ici je dois préserver quelque chose en ne fermant pas mes envies à un film. La danse si je la figure et si je l’exploite se désincarnera… à mon avis si un projet se dessine là c’est celui d’un spectacle ou d’une performance. C’est le lieu d’une rencontre in situ (je pense à ce titre de Parmegiani : De Natura Sonorum).
En revenant sur tout cela, presque sur le vif (je résume les idées découpées) j’ai pensé à Benjamin Moussay, pianiste exceptionnel et ami. Nous attendons depuis un moment un projet à partager. Benjamin est étonnant sur scène, il travaille de plus en plus l’électronique mais pas froidement, il essaie de trouver de nouvelles ouvertures à son jeu, il se fabrique de nouveaux outils et vu son parcours et son oreille, son approche est loin de celles de la scène actuelle. Au premier rendez-vous avec Caroline, j’ai d’emblé avancé cette idée avant de parler à Benjamin que nous pourrions fonder un trio autour d’un projet (en tout cas voir). Elle a été emballée (si je ne m’abuse). Quelques heures plus tard j’appelais Benjamin. Il a été emballé…
J’ai passé la soirée à y penser en travaillant à autre chose. Il n’est pas possible de lutter contre ces idées. Et puis cela ne sert à rien. Il faut que cette perspective s’inscrive dans mon temps, et je pense que j’ai trouvé de bons compagnons… à suivre donc..
uttha [ut-sth¯a1] Sanskrit r. (uttis.t.hate) pp. (utthita) abs. (utth¯aya) pf. (vi, prati, sam) se dresser, se lever ; se r´eveiller ; provenir, d´eriver ; naˆıtre, se produire ; ressusciter – ca. (utth¯apayati) lever, dresser, ´eriger ; animer, produire.
Photos Création de Caroline Desmaison, les petits comptes de Narcisse, 2007
