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Posté le 7 mars 2007 dans % François Mauriac, au fil des projets, écrits / notes -> lien permanent
Art Et Technologies

Selon Platon la technique est ce qui sauve l’homme naturellement démuni de la destruction, c’est ce par quoi il se maintient en vie en s’adaptant à  un milieu hostile. Aristote lui voit en l’homme un être puissant et doué capable d’acquérir le plus grand nombre de techniques. Par sa main-outil, bien supérieure à  celle des autres animaux, la technique, déjà  inscrite dans le corps même de l’homme traduit matériellement son intelligence lui permet de s’adapter à  toute les situations… La technique est ce qui a permis à  l’homme de prendre ses distances avec la nature, de se sortir de cet environnement difficile qui ne lui convenait à  priori pas. Ainsi avec le temps l’homme s’est extrait de la nature pour ne plus y vivre en harmonie avec les éléments mais pour en faire son esclave. Pour lui prendre ce qu’elle peut lui donner et en extraire tout ce qu’il peut grâce à  la technique. Il l’a regardée, l’a pensée, a essayé de trouver des solutions pour renouer avec elle mais sans jamais y parvenir parce qu’il s’est toujours senti extérieur, différent, au-dessus, en occident. Michel Serres parle du droit naturel de l’homme, ce droit qui le lie en idées aux autres hommes dans sa nature sociale, loin de sa réalité d’élément de la nature. Il raconte comment par égoà¯sme il saccage la terre avec ses guerres et ses besoins d’évolution. Il décrit comment l’homme, tourné vers ses semblables faits dos à  la nature, à  sa nature.

De touts temps certains artistes ont courus vers les nouvelles technologies, et ce bien avant l’invention de l’électronique. L’art numérique , « new media art » pour son appellation anglo-saxonne est l’art des nouveaux médias regroupe toutes les pratiques artistiques qui se servent des nouvelles technologies et des nouveaux medias comme principal support. Cette définition est bien sur réductrice. Et il faut comprendre qu’elle ne sert à  rien. Il y a trop de formes différentes, une trop grande confusion pour saisir quelque chose. Il y a une bien trop grande réserve ici en France pour pouvoir imaginer ce que sont les arts numériques (si jamais cela servait à  quelque chose). On rassemble les oeuvres et les artistes qui utilisent les nouvelles technologies, on les extrait de la scène artistique globale parce qu’on ne sait pas trop dire si c’est vraiment de l’art, on garde une réserve quand à  la qualité des oeuvres. Mais comme on sent qu’il se passe quelque chose, on parque tout ce qui est impressionnant ou à  priori reconnu dans de grandes expositions. La pensée des philosophes et des artistes-philosophes sert de support à  la complexité des oeuvres.

Hans Belting raconte l’histoire de l’art au tournant, il rappelle que les canons de l’art sont vieux. Quand on reprend cette histoire, le XXème siècle est le moment où l’art se détache du beau au sens commun de ses canons. Depuis une grande partie des créations évolue en dehors des possibilités de perception des gens. Ils voient, regardent, mais ne sentent rien si ce n’est leur possible exclusion. Mais aussi c’est au cours de ce siècle que les occidentaux se sont encore plus plongés dans leur cerveau jusqu’à  ce que certains puissent ne plus voir avec leur coeur mais avec leurs idées. Idées construites consciemment par affinité. Le jugement n’est plus de goà»t mais de valeur. Et les sens frisent le mental d’une impression d’intelligence en surpuissance quand l’intellect est bousculé par l’oeuvre.

La question de la technique dans l’art est depuis toujours une des problématiques de la perception que ce soit du côté des spécialistes ou des publics. Inévitablement, dans notre culture, chaque nouveauté est comparée à  ce qui la précède. Ainsi la comparaison en rapport à  des canons sert une part de l’avis : on sait si on aime ou on n’aime pas en partie par ce que l’on sait (par principe la publicité se base sur cette règle, elle nous montre ce que l’on a déjà  vu). La question de la technique dans l’art est délicate car notre façon de juger met souvent en rapport le degré de technicité et la qualité de l’oeuvre.

Artisan des ‘nouveaux medias’ j’ai été je ne sais combien de fois questionné sur le temps, la technicité, les efforts, la difficulté, l’innovation mise en oeuvre… Depuis quelques années j’essaie d’effacer la technique le plus possible (faire la performance si jamais il y en a une). Qu’est ce que c’est créer avec les nouvelles technologies î quand je dis créer c’est viser une forme expressive, ‟ faire de l’art ” (pas fabriquer un outil) ? Est-ce que c’est fabriquer une machine technologique qui ne fonctionne que par ses rapports de fascination, où la technologie est la magie qui séduit ? Est-ce qu’il faut entretenir cette fascination ? J’ai vu trop d’oeuvres qui ne tenaient qu’à  cela, oeuvres à  cause de cela, mais vides et inexpressives, quand l’effet de nouveauté aura passé le pas, à  la prochaine génération de technologies, il ne restera plus rien.

A mon sens Il faut que l’oeuvre renferme quelque chose de sensationnel intiment lié à  la nature de l’homme, qui résonne dans l’oeil et dans l’âme. Même si cela m’arrive dans certains cas, je ne suis pas partisan des oeuvres intellectuelles destinées exclusivement aux avertis, je supporte l’aventure populaire où aucun bagage philosophique ni théorique n’est vraiment nécessaire. Pour moi ce qu’il y a à  atteindre ce n’est pas le mental, mais le coeur.

% François Mauriac, pourcent artistique / région Aquitaine

 

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