La nature et ses images, la peinture et la matière picturale, la lumière et les couleurs.
Le paysage est une figure importante et presque omniprésente dans ma pratique. Je rapporte souvent l’image au paysage même si ce n’est pas à priori le sujet .
J’ai réellement commencé à travailler le paysage il y a trois ans à la suite de la commande d’un film par le groupe français Heller. Le film s’appelle uaoen *. L’expérience a été forte. Le résultat a beaucoup plu : Paul Ouazan, réalisateur de Die Nacht/La nuit m’a écrit avant de le diffuser qu’il le trouvait ‟ d’une grande beauté et d’une rare singularité ”. C’était évident qu’il fallait continuer sur cette voie. J’ai découvert qu’il y avait quelque chose d’implicite entre mon travail pictural et le paysage. Et c’est devenu un projet à long terme, un travail de recherche.
Les scénarios de mes films sont dictés par la géographie des lieux ainsi que par l’histoire qui s’écrit lors leurs perceptions. D’une certaine façon ce sont des promenades. La narration s’installe dans les transformations que subit l’image. D’abord et à priori naturaliste, elle met en valeur le paysage, sa plasticité, puis elle devient moins objective, plus impressionniste, la lumière dessine, la couleur s’emporte, la matière se marque et finalement le paysage va devenir peu à peu abstrait.
Ce sont bien sà»r les grandes lignes, tous les films ne se ressemblent pas, et ne suivent pas à la lettre ce principe. Mais il est systématiquement question d’un renversement du paysage, d’abord décor familier il va se transformer en espace intériorisé, totalement expressif et souvent abstrait.
On pourrait penser aux rapports historiques et référentiels qu’ont certaines images avec la peinture, mais ces références sont innocentes, plus où moins involontaires, implicites sans jamais être le sujet. Il s’agit de faire des images fortes picturalement où se retrouvent de nombreuses sensibilités que l’on aura avec la peinture.
Avec le temps j’ai développé de nombreuses techniques propres à un travail spécifique du film numérique. Cela ne se passe pas vraiment lors de la prise de vue qui même si elle est faite avec des techniques numériques reste assez classique. J’essaie toujours de rapporter les plus belles images que je puisse faire. De retour à l’atelier les images vidéo sont traitées, c’est la phase la plus longue du travail. Elles sont compressées avec plusieurs codecs différents . C’est-à -dire qu’elles sont dupliquées de différentes façons avec des qualités diverses, plus ou moins bonnes et définies. De ces préparations, je garde certains éléments que je peux colorier, éclaircir ou assombrir. Ces éléments sont à la fois de pièces du décor et des artéfacts des diverses manipulations des images. Puis je compose et colle des parties ensembles et recommence quelques opérations de compressions. Je ne modifie jamais la composition de mon image originale, les éléments sont collés les uns sur les autres et composés de telle façon que le paysage reste intègre. J’ai mis en annexe le journal que je tiens sur le film uishet et où ces opérations sont détaillées.
Notes rédigées dans un dossier déposé hier soir à la drac île-de-France dans le cadre d’une demande d’aide invividuelle à la création.
Illustrations : Massif du Vecors, 2005 / uishet *, image n°3731, 2006 (détail) / Saint Augustin *, image n°204, 2005 (détail)