Il fait très beau. Nous sommes arrivés au bureau d’accueil des bateliers vers 9h30. Le message que j’avais laissé n’a servi à rien, ils n’étaient pas du tout prêts à nous aider c’est à dire que nous ne pouvions naviguer sur le courant que comme de simples touristes, accompagnés d’autres touristes, pas la peine d’insister, je loue une barque et un batelier : j’achète 6 places. 60 euros pour environ deux heures et demie de navigation sur une boucle. Nous rencontrons notre batelier : Jeff. Nous embarquons.
Nous avons deux caméras DV sur la barque. Je contrôle la première, montée sur pied elle est placée tout à l’avant de la barque pour filmer la progression sur le courant à environ un mètre de haut au dessus du niveau de l’eau. Je peux modifier sa position sur les axes horizontaux et verticaux mais je pense tenir un maximum l’axe du courant. On s’enfonce dans la forêt. Isabelle tient la seconde caméra. Elle sert essentiellement à tenir lieu de support pour le son. Mais certaines images serviront aussi à monter un petit document sur le film. Le son est enregistré à la main avec un micro stéréo simple à champ assez large.
Tout le long de la balade, nous sommes conquis par le charme de la nature. Le courant est très couvert. La lumière perce les feuillages et fait briller l’eau. Doucement les crépitements de l’eau et les bruits de bois de la barre que Jeff enfonce délicatement dans l’eau pour nous guider se mêlent aux chants des oiseaux. Il fait doux. Isabelle prend le son de diverses positions, captant des plans larges et des plans rapprochés de l’eau ou des bruissements dans les feuillages. Quand à moi j’accompagne les mouvements de la barque en essayant de mettre en scène le courant dans mon cadre, en accentuant certains virages, en jouant avec retenue de la focale… on se dit qu’on reviendrait bien faire la balade sans filmer pour ne pas manquer tout ce que l’on ne peut pas capturer et baigner dans cette tranquillité fascinante.
Je commence à imaginer quelques formes. Le paysage me parle. J’avais pensé à ces feuilles et ces branches, et les reflets sur l’eau. Je me faisais des films déjà en regardant n’importe quelle image de ce courant. Faire vivre et vibrer les ombres et la lumière, creuser l’image et dégager son autre nature, rendre fascinante la balade, en juxtaposant deux natures, une réelle et l’autre mathématique. Une espèce de science fiction abstraite…
La balade finie, Jeff nous quitte, nous avons un peu parlé, il nous nous a raconté quelques anecdotes sur le courant. Si on monte un petit film sur ce tournage on les y mettra. Nous sommes assez déçu du manque d’intérêt et de curiosité absolu dont ont fait preuve les différentes parties dans l’histoire. Nous avons fait nos images, c’est le plus important. Je vais pouvoir passer à l’étape suivante en rentrant de nos vacances. Nous allons aller nous balader sur les bords du courant, reprendre la route où nous l’avons laissée puisque nous ne sommes pas allés jusqu’au bout. Mais cette fois îci cela se fera à pied…