‟ J’ai l’impression qu’on me regarde tout le temps, alors je joue le jeu. ”
Ce film est l’histoire d’une schizophrénie, mais ce n’est pas seulement celle d’Artemisia, c’est aussi celle du spectateur dont la perception va complètement se détacher de l’image pour ne plus exister que dans l’imaginaire qu’elle déploie et se laisser porter par le film jusqu’au moment où il va découvrir que cette représentation sur laquelle reposent toutes ses espérances est totalement fausse, que le point de vue d’Artemisia n’existe que par Artemisia, qu’elle évolue dans quelque chose qui ressemble de plus en plus à un délire. Elle est là toute seule au milieu de ces gens qui attendent que l’on leur explique ce qu’ils doivent faire, elle n’interagit avec rien, elle est la seule à jouer, elle est la seule à ‘être’ pour le spectateur, elle est la seule trace fictive à l’intérieur de cette image de moins en moins construite et peu à peu abandonnée dans un état de fixité absolue.
Artemisia déploie ses personnalités, quelque part elle est sà»rement consciente de son état, c’est pour cela qu’elle se raconte, elle sait très bien qu’elle n’existe que si on pense à elle, que si on partage sa folie, c’est à dire que si on la croit, c’est pour cela qu’elle existe à travers le cinéma.
Elle essaie d’exister le plus loin possible dans l’imaginaire des gens.
‟ J’ai l’impression qu’on me regarde tout le temps, alors je me montre pour que personne ne me voie. ”
Artemisia c’est un personnage conscient de son état d’image qui finit par se battre contre la perception que l’on a de lui tellement il veut qu’on l’aime…
Mais Artemisia ne sait pas aimer.
Elle croit que le spectateur attend de l’action, de la science-fiction, une intrigue mystique, de l’image qui le fera rêver mais elle essaye de pousser tout cela si loin que tout s’écroule, quelque part, elle n’a plus envie de se mentir.