Petites notes sur les histoires de flux. J’ai encore croisé la route d’une création numérique ce matin î d’une oeuvre î qui se construit sur le réseau (par le réseau) en captant des contenus… Fiction, documentaire, abstraction, certains récrits numériques sont la somme de formes éparses à l’origine, recombinées, réajustées, superposées et sous-titrées.
Le titre de l’oeuvre ou le texte qui l’accompagne servent de support à l’interprétation de ces images décontextualisées. Certes cela peut être perçu comme une avancée dans la création (qu’est ce que cela veut dire, une innovation?). Mais où se situe l’acte d’écriture ? Qu’est ce que l’on donne à voir ? J’ai du mal à cerner ce qui se passe. Voilà quelques notes à ajouter à la somme que de celles que j’ai déjà produites. .. Je cherche.
Peut-on dire que l’écriture, que le geste de l’auteur se situe dans les moyens programmatiques qu’il met en place pour aller pécher ses contenus ? Que l’écriture est le code qui va chercher et réarranger des éléments d’internet en une nouvelle proposition ? Ne peut-on pas se sentir dépassé par internet, toutes ces images touts ces textes, tout ce bazar qui ne cesse de se convulser et de produire une quantité de données qui se veulent toutes originales et fondamentales ? Comme faire encore ? Comment créer là ?
La problématique des années à venir est l’organisation, la structuration des données : Qu’est ce qu’on fait avec tout ça maintenant ? On le voit bien. Le problème tend à devenir que le seul la surface des choses reste accessible. D’une connaissance il ne reste plus que l’idée de la connaissance. Bien sur elle est là dans son tout, mais on vient rarement la chercher seule. Elle se combine systématiquement avec bon nombre d’autres nécessités. Alors que faire ? Comment capter ce monde ? On n’a définitivement pas le temps ! Et finalement qu’est ce qu’on veut donner ? La connaissance ou l’image de la connaissance, ou encore l’image de sa propre maitrise de la connaissance ? Finalement est-ce que l’activité ne résonne pas sans cesse dans le bruit de cette explosion de l’information. Les idées passent de là à là en perdant un certain appui à chaque pas…
Alors comment maitriser cela ? On comprend que cela peut être impossible. Qu’et-ce qui intelligent aujourd’hui ? Un savoir ? Un article érudit sur ce savoir ? Un résumé accessible de ce savoir ? Un écho ? Ou bien l’algorithme de recherche qui saura de toutes les données accessibles quelle est la bonne (celle que l’on cherche). Comment Internet change notre façon de penser ?
La modélisation, la programmation, l’exécution. Voilà quel système supporte ces créations. Comment internet change notre façon de créer (comment les technologies numériques) î voilà ce que certains se demandent. J’ai réagi à un article du magazine sciences humaines qui titrait : ‟ Comment Internet change notre façon de penser ? ” pour dire : ‟ Penser des outils de pensée pour vivre la pensée… Voilà de quoi sera fait notre futur. ”. Penser des outils de création, trouver des idées pour créer et faire des oeuvres par ces outils. Que maitrise-ton dans le résultat ? Est-ce que la qualité de l’oeuvre réside dans les capacités de l’outil à garantir le résultat escompté ?
Face à ces créations, qu’est ce qui se passe. Finalement les images, les sons, les mots se composent selon des principes qui ne dominent pas les intentions des matériaux. Bien sur que la perception peut être le théâtre de sensations, de sentiments exportés par ces combinaisons. Mais le hasard relatif, l’indétermination ne sont ils pas simplement des conséquences d’une tentative vaine de vouloir composer un art où l’outil est le véritable objet ? Et peut-pn réellmeent parler de hasard et d’indétermniation si c’est le support qui écrit »bêtement »ces imprécisions de la même façon à chaque fois? Ce qui passe a travers ca n’est ce pas la fascination de l’image en général, de l’outil en particulier, de la pensée simplement ? N’est ce pas une ode à la complexité qui revendique l’incapacité des hommes à savoir s’en détacher ?
Ce que j’aime avec les nouvelles technologies et internent, c’est leur stupidité. Il est encore possible de bricoler, de mal faire. Faire des outils parfaits pour qu’une oeuvre naisse… pourquoi pas. Mais si cette oeuvre n’a de fond que la théorie pratique de l’outil, que le sentiment de dépassement, la peur, l’ennui, qu’est ce qu’on transmet ?
Projeter trop d’intelligence sans cesse en avant ne fait qu’éloigner les idées de nous. Nous ne finissons par ne plus savoir réellement à quoi nous pensons tout en étant extrêmement occupés à penser. Quel bête paradoxe que d’être pris à gaspiller son temps à savoir comment le gérer.
Mais certainement qu’un jour viendra où l’une de ces oeuvres m’interpellera et où je penserai autrement. Mais je n’aurai pas besoin de revenir sur ces notes, ce sera que l’oeuvre aura certainement saisi quelque chose de profond. Quoi ? On verra.
ill. Details of a map on topology of the Internet Service Providers Source: www.caida.org / from link : Networks .