C’est l’histoire d’Artémisia G. Elle assassine avec un savoir-faire inégalé. Seulement quand ceux qui la paient se trompent et essaient de l’éliminer, elle se retrouve seule. Elle efface tout ce qui constituait son monde. Elle élimine ses adversaires. Elle se trouve face à une situation nouvelle : partir à nouveau. Mais d’où? Sans passé, sans idéal, elle n’a que sa technique et son expérience. Elle glisse dans le terrorisme. Mais elle n’a pas l’âme portée par la politique. Elle ne voit pas comment construire de leitmotiv. Ce milieu est trop différent de ce qu’elle connaissait. Elle file mercenaire et se retrouve face à la foi qui pousse des hommes à oublier leur vie. Elle se rend compte à quel point cela lui manque. Elle ne peut plus se contenter de savoir guerroyer. Elle décide alors de partir sur cette nouvelle route : celle de la foi. À partir de ce moment-là , elle doit entreprendre deux voyages. Le premier l’amènera à ses origines. Le second à sa destinée. Qui est son Dieu ? Est-ce celui de tous les autres ? Non ce n’est pas possible. Où sont les textes qui lui disent qui elle sera ? Cela ne peut être que ceux que personne n’a jamais réussi à traduire. C’est là qu’elle se rend compte que toutes les histoires du monde convergent vers la sienne : la plupart des informations dans les médias racontent ce qu’elle a vécu.
Un de ses voyages lui permet de découvrir les textes qu’elle cherchait. Elle les traduit sans effort. Les mots s’inscrivent au plus profond de son âme et l’illuminent. Elle sait. Elle s’engage dans une nouvelle voie. Elle doit maintenant porter la prophétie. Changer le monde. Lui révéler sa vraie nature. Elle lorsque ce sera fini. Le ciel s’ouvrira et les armées de ses serviteurs viendront faire d’elle la déesse d’une nouvelle ère.
Chi ocsha reste un mystère dans le paysage de mes productions. Voilà dix ans que ce projet reste plus ou moins d’actualité. Je n’ai jamais réussi à tenir à l’oral ni à l’écrit une explication qui résiste à l’incompréhension. J’ai de plus en plus la certitude que c’est là le fond. Ce collage est un chaos. C’est un avertissement. C’est un gouffre qui décrit comment il peut être simple de s’enivrer d’écriture et de noir pour glisser ailleurs. Seulement le chemin pour en sortir n’est pas évident. La façon dont je travaille sur ce projet serait à mettre en lumière. Ce n’est que dans les périodes d’introspection, de peur et de colère dissimulées que les mots viennent. Mieux je suis, moins Artémisia est là . Plus je grandis, plus elle s’éclaircit. Elle cherche dans la direction opposée de la mienne. C’est peut-être sa mission. Me montrer la voie extrême opposée. Elle a une foi irrévocable en l’image. Les rumeurs de la société nourrissent son histoire. Elle se construit sur tout ce qui fait le monde. L’idée est son idéal.
Dans quelques jours, je présente mon travail à l’école des Arts Déco de Paris. Depuis longtemps je commence systématiquement mes interventions par Chi Ocsha. C’est à chaque fois quelque chose d’assez compliqué étant donné que le projet est difficile à expliquer, qu’il a une forme complexe, que ce que je donne à entendre et à voir ne facilite pas la réception. J’embrouille. C’est ça l’histoire.
Cette fois, je pense que je laisserais ce projet de côté. Il est temps que je donne une forme particulière à ce travail. Je pense beaucoup au documentaire. À suivre…