Il y a quelques semaines j’ai eu envie de jouer avec une vidéo : de la pousser pour voir ce qui pouvait se passer avec un contenu préexistant puisqu’à l’habitude je ne travaille l’image avec la compression qu’à partir de séquences que je tourne afin de préserver une certaine idée de l’analogie avec le sujet.
Quelque part je tiens à faire de mes films les images d’une réalité, en filmant moi-même je réduit la distance entre l’image initiale et l’objet… Bref. Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé à Madonna. J’ai pensé à Hung Up. En fait si, je pense savoir : elle m’est venue à l’esprit à cause des histoires qu’il ya avait eu avec son disque sur itunes… et puis parce qu’elle est célèbre, que l’envie de travailler avec des images fabriquées m’a poussé vers le clip et tout cela additionné cela fait Hung Up… le clip que j’avais vu.
Hung Up fonctionne bien fondamentalement puisque cela veut dire raccroché, pendu… Je compresse, j’encode successivement le film sous divers formats en baissant progressivement la qualité, en modifiant les dynamiques de couleurs, en passant à l’endroit, à l’envers, en mélangeant les outils 3ivx, divx, xvid… J’efface peu à peu les signaux explicites des détails. Mais la compression psychovisuelle s’attache fondamentalement à un certain sens. Finalement la fondamentale de l’image ne disparait pas. Pas encore, au moment où j’écris je n’en suis qu’au 16ème passage.
Cela est amusant de faire le parallèle entre cette situation où l’homme fabrique une image, il met en scène par tous les moyens dont il dispose une figure (ici Madonna) et construit une histoire. Ce fondement reste pendu dans l’image, sans la volonté de le détruire, simplement en réduisant peu à peu les données descriptives, en tout cas en diminuant la place qu’on leur accorde, il semble apparaitre une limite en dessous de laquelle les logiciels ne veulent plus trop aller. Justement à cause de ce sens qui risquerait peut-être d’être altéré. Là où j’en suis, l’histoire, on ne la compresse pas.
J’ai envie de faire de ce clip dégradé dans l’image et dans le son une pièce autonome. Quelque chose qui soit l’écho d’un tube, une histoire tangente où justement les fondements auraient disparus ‟ naturellement ” à cause de passages à travers des ‟ filtres ” qui essaient de rendre aux données plus de place devant le sens de la figure exposée.
En quelque sorte je sculpte le clip de Madonna, j’y révèle des possibles de la matière psychovisuelle, j’y déchaine les couleurs au delà des limites de la représentation à priori…
Hung Up ! revolutions premières images sur flickr… mot clef : Hung Up
Hung Up video, Madonna; Confessions on a Dance Floor / 17.12.2005 Shirland Road, London, England
© Madonna / Warner Bros / Stuart Price / Johan Renck