% François Mauriac, pourcent artistique / région Aquitaine
Mouvement
Le film pourra se sortir de sa temporalité linéaire. Il pourra accélérer ou ralentir, s’arrêter, de façon quasi imperceptible.
J’ai pensé équiper les portes et la pièce de l’installation de capteurs afin de pouvoir déterminer avec exactitude si quelqu’un est en mesure de voir l’oeuvre afin que le flux d’images puisse s’arrêter et capitaliser du retard… Mais je ne sais pas si cela me plait de faire ce genre de simagrées interactives… Je pense plus être pour que la pièce ait son autonomie et son intelligence.
En dessous d’un certain niveau de luminosité peut-être que l’image ne s’affiche plus et ainsi le retard s’accumule -> on enregistre en continu mais l’affichage se fait en fonction de choix.
Peut-être que selon le cadre chois il arrivera que l’on ait l’impression que l’image ne bouge pas. Il faudrait à ce moment là calculer ce qui se passe et peut-être figer ou ralentir à l’extrême ces moments… Comme si l’image en restant apaisée se renforçait et s’économisait, se laissait aller, le retour du mouvement pourrait ré accélérer l’histoire et selon son intensité il ferait sursauter l’image qui s’était presque arrêtée…
Il faut que le système qui sera mis en place pour réguler l’interactivité soit le plus poétique possible, le plus sensible possible. Mais pas en termes de résolution, c’est-à -dire pas dans la sensibilité quantifiable de la perception : savoir que la moindre petite chose s’est passée, mais savoir au mieux transformer le paysage.
Orientation
L’oeuvre articule les relations entre intérieur et extérieur. L’écran sera placé à l’intérieur du chalet. La caméra à l’extérieur. Je pensais au début simplement jouer sur l’idée de fenêtre et placer la caméra derrière l’écran pour jouer sur le côté fenêtre et jouer habilement sur la transparence du mur qu’elle engendrait…
Mais dans l’avancement de la réflexion sur le projet je doute de la pertinence de cet axe et sa trop grande lisibilité. Quel que soit l’axe en fait l’idée de fenêtre sur l’extérieur sera préservée. En prenant un axe moins évident, moins direct, en complexifiant le lien, on renforce un certain imaginaire, indirectement on développe l’intensité de la relation au paysage. De plus avec l’avancée du projet des autres postes, il peut se trouver que des éléments que je souhaiterait ne pas filmer soient dans le champs. Alors je vais choisir l’orientation de la caméra selon le paysage et la lumière. J’aimerais aussi inclure dans ce choix quelques soupçons de magie et de science…
L’écran sera à priori disposé dans le salon, à gauche du hall d’entrée, certainement au dessus de la cheminée. Il sera donc orienté vers le Nord-est…
J’imaginais placer la caméra au niveau du balcon qui surplombe l’entrée principale, dirigée vers le sud-est… mais je ne sais pas vraiment encore. Le dispositif de captation (caméra/support) sera très léger et à priori très discret, je peux encore prendre un peu de temps pour voir où serait l’emplacement le plus pertinent.
Comme j’ai envie de faire pour le programme qui conduira l’interactivité, je tiens à écrire dans le dispositif les liens qui lient l’intérieur l’extérieur, le lieu à l’astral, le temps qui passe à la vie…
L’orientation de la caméra et la ligne qui s’ouvrira du spectateur à l’infini par cette installation doit mettre en scène une sorte de phénomène magique… Comme si la courbure du regard à la fois dans l’axe et dans le temps pouvait ouvrir une porte magique vers une autre dimension. L’installation plie dans l’image l’espace et le temps.
J’ai envie de plonger ce travail apparemment simple plus loin, je ne sais pas encore trop comment, je ressens quelques pistes encore difficile à expliquer. Il y aura une dimension invisible. Une dimension magique. A ce propos, je consacre un article suite aux notes manuscrites de cette page du cahier.