Arts plastiques, numérique, films et pensées... LE BLOG EST EN TRAVAUX ! ;)
Les histoires se répartissent dans 1003 notes... dans des milliers d'images... dans quelques mouvements...
@newsletterjacquesperconte.com
Posté le 11 février 2007 dans % François Mauriac, au fil des projets -> lien permanent
Belle Au Bois Dormant

% François Mauriac, pourcent artistique / région Aquitaine

 » Le don du romancier se ramène précisément au pouvoir de rendre évidente l’universalité de ce monde étroit où nous sommes nés, où nous avons appris à  aimer et à  souffrir  » déclare François Mauriac dans son Discours de Stockholm en 1952. Comment mieux dire le lien élastique qui attache l’écrivain à  sa région, attachement, certes, mais aussi tremplin vers l’universel. Et qui mieux que lui-même aura su tirer de ses racines et de sa propre vie une oeuvre où chacun peut lire les joies et tourments de l’humaine condition ? De ce lien à  la région, Saint-Symphorien donne un bel exemple. A Malagar, la maison des vignes au vaste panorama, le chalet des Landes oppose ses pins et sa situation secrète. Curieuse construction dans ce pays de maisons blanches, que ce chalet arcachonnais mêlant la brique et la pierre grise comme pour mieux se fondre dans la forêt de pins qui l’entoure. Elle est construite en 1891 par Claire Mauriac, la mère restée veuve avec cinq enfants, jeune mais non dépourvue de biens. Le chalet servira désormais de maison de vacances et son parc, le Johanet, sera le cadre des promenades, des jeux et des rêveries des garçons. L’allée du parc, le vaste perron, le murmure des eaux de la Hure, le  » chêne sacré  » auquel François confie ses premiers chagrins et non loin duquel il aurait souhaité reposer, la nature écrasée de chaleur, le chant des cigales, les orages du soir, le craquement des pins, les odeurs de champignon et de menthe : sans jamais l’avoir vu, tous les lecteurs de Mauriac connaissent le paysage de Saint-Symphorien, parce qu’il est la source intérieure de ses plus belles pages.  » La maison et le parc enchanté du Grand Meaulnes auront été mon milieu natal et je ne m’en suis jamais écarté  » écrit-il, comme s’il lui avait été donné de vivre ce que d’autres n’ont pu que rêver. Il y rédige ses premiers poèmes, termine Le Baiser au lépreux et Genitrix, compose Le Désert de l’amour, le désigne sous des vocables divers dans Le Mal, Thérèse Desqueyroux ou Maltaverne. Mais c’est sans aucun doute Le Mystère Frontenac qui fera le plus intensément revivre les pins et la magie du Johanet. Entre-temps, Claire Mauriac a partagé ses propriétés : le Johanet échoue à  Pierre, le médecin, et Malagar à  François. A jamais, le chalet de Saint-Symphorien portera la marque de son regard intérieur.
Propriété de Mme Catherine Cazenave, nièce de François Mauriac, le chalet de Saint-Symphorien et le parc de dix hectares qui l’entoure appartiennent désormais, comme Malagar, au Conseil Général d’Aquitaine. Son acquisition aura coà»té environ deux millions de francs. Inhabité depuis quelques années, ravagé par la tempête de décembre 1999 –  » le chêne sacré  » a été jeté à  terre – le domaine a tout aujourd’hui d’une Belle au bois dormant. On ne peut que se féliciter d’un achat qui permettra de lui rendre vie. Reste à  savoir sous quelle forme. La maison familiale est de dimension assez modeste dans la perspective d’une ouverture au public. Malagar remplit déjà  l’office de maison d’écrivain et de site littéraire. Divers projets sont donc envisagés. Faut-il en faire une résidence d’artiste en l’intégrant au patrimoine industriel dont les ateliers ferroviaires de Saint-Symphorien pourrait constituer un complément ? Faut-il centrer le projet autour du bois, thème rassembleur dans cette région de pins, présent dans l’oeuvre de Mauriac et pouvant ouvrir sur l’artisanat et la sculpture ?
Se pose ainsi la question de l’ancrage de la maison d’écrivain dans la région et de la fonction qu’on lui assigne, du particularisme le plus étroit à  l’ouverture la plus large. L’une des réponses les plus pertinentes en est peut-être une autre  » maison « , celle de Marguerite Yourcenar au Mont-Noir. En faisant de cette propriété des Flandres une résidence européenne pour les écrivains, le Conseil Général du Nord a permis d’associer le nom d’un grand écrivain  » classique  » à  la création contemporaine. Depuis 1997, 67 écrivains de 21 nationalités différentes y ont travaillé. Les Annales de la Villa Mont-Noir (59270 Saint-Jans-Cappel) présentent les 23 auteurs qui y ont séjourné ces deux dernières années. Bel exemple du rayonnement d’une maison d’écrivain dans sa région, et bien au-delà …

L’écrivain dans sa région, Par Evelyne Bloch-Dano. Magazine littéraire n° 409 Mai 2002 / Copyright © 2003 Magazine littéraire. Tous droits réservés.

 

Note suivante : . Note précédente :
Où voir les choses en vrai ? Expositions, projections, conférences...
& pour le reste : archives / next...
          * accès réservé ou sur invitation
fil d'idées et d'images : Twitter