Dans uishet, le film est travaillé comme souvent par composites que je dispose les uns au dessus des autres. En fait c’est une version augmentée de la précédente. Je suis parti du montage original, j’ai imaginé la transformation à partir de ce dont je me souvenais des images, en dessinant schématiquement mes composites et en y ajoutant quelques notes. Ensuite, avec l’image naturelle, neutre et j’ai mis en scène progressivement des rushs déformés par compression et coloriage en les révélant de façon assez subtile : en masquant une grande partie des couleurs et en insérant un nouveau calque à chaque apparition d’une nouvelle zone pour que l’insertion des nouvelles zones travaillées ne se fasse que sur une seule teinte à la fois. Le mouvement est le même sur tous les calques, il y en a beaucoup. De nombreux éléments sont traités individuellement, par exemple, pour une branche qui a dans une version du plan très compressée en divx certaines qualités plastiques, en faisant varier les niveaux de blanc et de noir sur cette zone et la saturation des couleurs, je vais révéler les structures abstraites de l’élément. Ainsi je compose plusieurs éléments de la sorte dans le cadre pour tenir l’unité, et ainsi de suite avec le reste. La couche suivante mettra en scène des éléments voisins aux premiers avec une compression différente, le 3ivx de moins bonne qualité en général est très utile pour obtenir certains types de textures. Les deux calques sont ramenés à un seul et recompréssés, il y a beaucoup de passages pour arriver à avoir une matière picturale unie. Il n’y pas de travail sur les transparences dans ce film, tout est collage des mêmes images traitées différemment les unes sur les autres.
Si vous me suivez. J’essaie de mettre en avant des percées dans l’image. Je troue le paysage pour qu’on y voie des choses à travers. Le jeu est très pictural. Et finalement, ces empilements de calques et de rajouts finissent par donner l’impression contraire non pas d’une image qui se déploie dans la hauteur mais au contraire qui se creuse. Et la peinture apparaît et recouvre certaines zones. Elle a été mise en place à partir de plusieurs types d’effets, des dessins à la main et à la palette graphique combinés à des effets numériques… le but n’est pas qu’elle ressemble à de la peinture mais qu’elle vienne se poser sur le paysage et faire vibrer certaines couleurs et certaines lumières d’une autre façon… dans l’ensemble ce qui est prévu est sommaire, c’est l’idée générale, ensuite je me laisse guider par l’image : la lumière, les formes, le rythme, les couleurs…