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Posté le 29 janvier 2005 dans ncorps, presse / textes, Saint Augustin -> lien permanent
Christelle Seguin :
Corps Numériques

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par Christelle Seguin

L’oeuvre de Jacques Perconte appartient à  la série Corps numériques, réalisée en 2002/2003. C’est un tirage numérique de 40cm/60cm. Cette oeuvre traite de la texture et de la couleur de l’image photographique d’un morceau de corps.

Par son cadrage cette photographie donne un rendu abstrait, elle ne représente pas une figure reconnaissable. Notre imagination vogue au gré des lignes et des couleurs. Aussi, peut-on très bien y voir une épaule à  contre-jour, l’orifice d’une narine ou un paysage.

Les couleurs sont mises en tension par le contraste. La partie sombre (dans les tons marrons) qui occupe quasiment la moitié inférieure de l’image est opposée à  une 2 ème moitié plus lumineuse (dans les tons gris / bleu). La partie sombre attire l’oeil et créée une opposition relief/profondeur. Les contours qui déterminent les limites des deux plages colorées sont flous ; ce qui laisse deviner une ombre et un halo de lumière.

Dans cette oeuvre Jacques Perconte travaille sur les différentes étapes de déformation d’un corps et d’une image à  travers des supports comme le multimédia, la vidéo, la photo. L’artiste filme le corps d’un modèle avec une caméra, celui ci est restitué sur un écran de télévision qui est capturé par un appareil photo numérique pour être interpréter par un ordinateur. Toutes ces étapes créent une image qui est nouvelle, déformée. Cette dernière est à  nouveau filmée par une caméra, puis capturée sur un écran de télévision. L’oeuvre ici présente est la photo numérique de cette dernière étape.

L’image de ce corps passe donc par une télévision pour finir dans un milieu informatique, l’image de ce corps modèle passe dans un autre temps, l’artiste l’appelle ‟ temps technologique ”. Le corps est transporté hors de la réalité d’où il émerge pour être transporté dans une dimension technologique. Cette oeuvre est une représentation numérique du temps et du corps.

Les photos numériques des vidéos fixent non seulement les images du corps, mais aussi le traitement de celles-ci, par le médium technologique. Par exemple les pixels illuminés deviennent distincts, notamment ici dans la partie gris/bleu. A cela s’ajoute une déformation de l’image créée par l’angle de vue, qui provoque une ré interprétation partielle ou totale de l’image.

Donc, cette image numérique représente son propre moyen de production . Le corps n’est plus qu’une information que l’on peut traiter et déformer. Cette oeuvre est la trace d’un état du corps dans un contexte, celui de l’image et de ses spécificités. Le corps devient témoin du processus de fabrication d’une image et de toutes ses étapes.

Ainsi, ces images technologiques incluent le corps humain dans un autre univers, il se retrouve sur plusieurs supports visuels et d’enregistrements. Le corps occupe plusieurs formats, plusieurs tailles. La photographie par son cadrage modifie la perception du corps . Le gros plan contribue à  détruire l’unité du corps en fragmentant sa représentation. Il se retrouve déstructuré, restructuré, défait, morcelé. Une nouvelle image du corps apparaît avec le XXème siècle, celle d’un corps morcelé avec l’image d’une identité éclatée en proie aux interrogations contemporaines.

* corps numériques

Les arts au mur Artothèque de Pessac î 16bis, avenue Jean Jaurès î 33600 Pessac î 05 56 46 38 41

 

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