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Posté le 17 novembre 2004 dans Chi Ocsha, écrits / notes, évènements -> lien permanent
L’histoire D’Artémisia Gentileschi (portrait D’une Passion)

Jacques Perconte, Austin, Texas, novembre .04 

L’histoire d’Artémisia Gentileschi, tueuse professionnelle prisonnière des méandres de son hystérie, des images, de la culture… Elle n’a qu’un seul moyen pour s’en sortir : trouver une voie à  travers tout ce que lui offre la réalité (ici la fiction). Artémisia a assisté à  quelques uns des bouleversements qui ont fait l’histoire des 35 dernières années (pronunciamiento). Elle a vu ce qui se passait en Amérique du Sud, en Afrique centrale, en Europe centrale et du nord· Artémisia a vu ce que les hommes sont et a décidé qu’elle ne serait plus comme eux, plus jamais.

C’est l’histoire d’une quête initiatique.

.  L’histoire d’Artémisia Gentileschi (portrait d’une passion)
. Lecture /performance 40′ Portrait d’une passion au harry Ransom Center

C’est l’histoire d’Artémisia G. Ce personnage est à  l’image de nombreux héros de romans ou de films. La chronologie exacte de sa vie reste très obscure. Ceux qui ont enquêté pensent qu’elle a amassé beaucoup d’argent en devenant un tueur professionnel puis une mercenaire en profitant des déséquilibres politiques· Ce passé s’effaçant peu à  peu face à  ses envies de changer, elle se remet en question et part en quête de ses origines. Ne trouvant pas de réponse dans la réalité elle se tourne vers une pensée mystique·

Découvrir Artémisia ne peut se faire que dans cette atmosphère chaotique qui la définit si bien. Dans sa vie tout se mêle et se mélange. Sans cesse ses pensées se confondent à  la réalité et à  l’imaginaire que lui imposent les espaces qu’elle croise.’Pierre Vélin, Artémisia G., 2003

Et cette femme hors du commun va découvrir et traduire les fondements d’un nouveau culte, celui dont elle sera la seule prophète et l’unique élue.

J’ai l’impression qu’on me regarde tout le temps, alors je joue le jeu.’

Artémisia Gentileschi, Paris, novembre 2001

Imaginons un personnage qui se construirait de ce qu’il perçoit de la réalité dans laquelle il évolue. Imaginez cette fille qui fait sienne chacune des histoires qui l’intrigue ou la passionne et où elle croit se reconnaître. Imaginez cette femme si secrète qui a tant voyagé.

Artémisia Gentileschi transforme tout ce qu’elle voit. Il m’arrive d’imaginer qu’elle n’est qu’un personnage de cinéma (de roman ?), elle a peut-être emprunté son nom (Artémisia Maddu Ocsha ?). Il y a beaucoup de choses que je ne peux pas vous dire : soit parce que je ne les ai pas encore réellement saisies soit parce que j’ignore si elles sont vraies.

Comment comprendre ce qu’elle nous raconte ? Elle se présente à  travers des textes qui retracent plusieurs moments de son existence : la recherche de ses parents, les époques troubles et initiatiques durant lesquelles elle voyageait sans cesse à  la recherche des traces d’une vie passée ou de quelque chose en quoi elle pourrait croire. Artémisia nous parle aussi d’images qui ont fait d’elle ce qu’elle est. Cet assemblage de formes et de textes peut paraître désordonné mais c’est la seule façon de la connaître, c’est ce qui la définit le mieux : il se passe tellement de choses simultanément qu’il est difficile d’en sortir un trame unique. C’est encore pire dans le code.

Artémisia écrit plusieurs livres en même temps. Il n’y en a aucun qui soit abouti à  ce jour. Le premier est un roman autobiographique qui sera très certainement un best seller. Le second, sa quête, basée sur des traductions de livres anciens (le àŽlivre de chi’, XIe sc. et àŽp?a?µat??? a?µa’, IIIe sc., entre autres). Ce livre dont vous trouverez ici des citations reste un mystère. J’avoue qu’il est assez difficile de le comprendre, il ressemble à  beaucoup de livres ésotériques que j’ai lu mais rien n’y est vraiment identifiable. Ce livre, raconte le voyage mystique d’une femme qui, elle aussi s’appelle Artémisia et qui devra renoncer à  tout ce qu’elle a cru pour accéder à  une nouvelle identité que seule sa foi lui permettra de découvrir. Artémisia est une prophète qui servira une passion à  travers le sacrifice· »

Piero Miccinari, écrivain.

Cette pièce est un site internet dont les pages sont composées de collages de textes et d’images qui ont été récoltés pendant des années au fil de lectures, de consultations et de recherches bibliographiques, vidéographiques, filmographiques· à  travers des champs aussi différents que la fiction, les sciences ésotériques, la physique, l’histoire, les arts ou la religion.

L’envers de l’image issue de ce collage, c’est-à -dire le code qui fabrique la page internet vue, est truffé de commentaires invisibles à  la lecture. Quelques dysfonctionnements discrets peuvent emmener le spectateur à  découvrir ces notes.

Je pense souvent au travail de jodi  : %Location . Cette pièce est composée d’une page web html. A l’intérieur du code source, le corps de la page n’est pas une description codée du contenu mais une suite de dessins faits de caractères. L’interprétation de cette page à  travers le navigateur ne rend pas les dessins présents dans le code source.

Dans ce portrait d’Artémisia G, le lien entre le code, ses commentaires et l’affichage de la page relève d’un lien moins causal dans la forme mais plutôt dans le fond. Comme si, les commentaires insérés pouvaient altérer la perception des images ou des textes si jamais on en prenait connaissance. Ces commentaires augmentent la fiction, ils viennent ajouter des niveaux de lectures, couvrent les références mais surtout, ils signalent des liens vers des documents qui ne sont pas accessibles autrement.

Ce travail continue d’évoluer. A chaque nouvelle occasion, que ce soit une lecture, un voyage, une nouvelle page vient s’insérer dans le portrait. A l’occasion de ce passage par Austin, c’est à  la bibliothèque du Harry Ransom Humanities Research Center, à  la recherche de vieilles illustrations que je suis tombé parmi les incunables sur un manuscrit annoté des Métamorphoses d’Ovide. J’ai imaginé Artémisia lire cette phrase : àŽ Osa, ella e newelo forma sie pole ti ille nieto sciencope ‘ : Je parlerais de corps changés en formes nouvelles. Bien sà»r elle la lirait au premier degré, oubliant de quoi parle le livre et transformant ainsi instantanément le texte d’Ovide en une parabole unique servant sa quête. Artémisia est donc passée par Austin et son histoire s’y est inscrite.

France-University of Texas Institute for Interdisciplinary Studies
INTERNET CULTURE & SOCIETY : FRENCH & AMERICAN PERSPECTIVES (Fall 2004)

 

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