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Posté le 21 avril 2002 dans écrits / notes, rencontres / conversations -> lien permanent
Entretien Avec Camille Duvelleroy, L’interactivité

Camille Duvelleroy : je pars d’un point de vue purement technique, je pense qu’il y a trois niveaux d’interactivité : le clic, la souris et le clavier.

Jacques Perconte : Pour réellement décomposer techniquement l’interactivité, il faut analyser le comportement du "lecteur" : dans un premier temps, il déplace sa sourtis sur l’écran à la recherche d’un bouton qu’il identifiera grâce à des schémas simples (bouton signifié, modification du curseur…), s’il déplace sa souris ainsi, ce n’est pas par plaisir, c’est le désir de finalité, il veut cliquer quelque part pour voir ce qu’il y a après. Quand au clavier, lorsque l’utilisateur s’en sert, il quitte souvent complètement son rapport à l’expérience pour ne plus se soucier que de ce qu’il doit taper. La plupart des utilisateurs ne possèdent pas cette habitude de fonctionner à la fois au clavier et à la souris.
Finalement où se localise l’interactivité ? Dans le fait de laisser l’utilisateur balader presqu’inutilement sa souris sur l’écran pour aller cliker sur un bouton ?
Après réflexion, on se rend compte que l’interactivité ne donne pas réellement de liberté au lecteur et qu’elle est souvent stéréotypée (dans le sens où principalement, on se contente de faire cliquer).

C’est ca qui est formidable, les travaux interactifs n’ont souvent que ca, une structure linéaire découpée de cliks. Tout ce qu’on gère c’est le temps, des fois un ordre, des fois on peut choisir… Finalement est ce que cela sert le contenu ou le bien être de l’utilisateur. le cinéma, la littérature, sur ces domaines là, même si les technologies sont différentes, sont beaucoup plus respectueux de la réalité du contenu des œuvres. Peut-être que l’interactivité mal gérée aurait tendance à aller contre l’œuvre, à laisser le spectateur à ses frais, lui offrir l’opportunité de ne pas lire, le laisser jouer avec ce qui n’est souvent même pas envisagé comme un jeu…..

Camille Duvelleroy : je suis intéressée par la notion de "caresse" que tu avais évoqué à propos d’un de tes travaux (je crois le livre de chi): pourrais-tu approfondir la question?

Jacques Perconte : Pour la redéfinir, je parle de caresse parce que j’imagine la surface de l’image comme un espace sensible que l’on devrait caresser ou frapper
suivant les cas (mouseOver, mouseOut : caresses ; clik : coup de poing). J’imagine avoir ce rapport à l’image (et même plus je le communique et l’utilise), tous les éléments qui la composent sont sensibles, une photographie va être la structuration d’un paysage dont les formes sont finalement presque toutes des icones, ou l’on va facilement arriver à formaliser une lecture intelligible et finalement écrire une histoire.
Quel serait l’intérêt de lier ce sens historique, contextuel d’une image (texte, son, tout ce qui peut constituer une image) sans se servir de sa structure ? Au même sens que le regard se ballade et permet de réagir et entraine des transformations, la souris se ballade et elle, interne à la relation, engageant le rapport au contenu, elle représente notre tendance, notre désir, comme une main qui se baladerait sur un corps, et qui en effleurant la peau le ferait réagir et pas de la même façon qu’un ordre. la caresse a la particularité d’être libre, elle se promène, al souris se ballade et peut être avec cette finalité de trouver un bouton ou un indice, mais elle va entrainer des transformations hors e ce système clos. Et on ne s’y attend pas, il se passe quelque chose qu’on avait pas prévu, et l’on se rebond compte que finalement on n’a pas forcément porté
de réelle attention à la zone évènement… en les multipliant ces réactions, on instaure de plus en plus un dialogue avec l’utilisateur, il n’est plus en train de se laisser porter par l’interface-objet, amis il est en train de s’inscrire dans une esthétique relative…
Camille Duvelleroy : sinon complètement autre chose : penses-tu que l’image et le texte se lisent de deux façons différentes?
Jacques Perconte : Techniquement, il est probable qu’il y ait des différences, mais fondamentalement, je ne pense pas qu’elles soient importantes, je tends à penser que ces lectures, celle de l’image et celle du texte ont énormément de choses en commun. On pourrait rentrer dans le détail, mais je ne sais pas si c’est le moment, barthes a écrit pas mal de choses là dessus.
Quelles différences y a t’il entre les images que tu fabriques à partir des mots et les images que tu fabriques à partir des images ? Essaie de décortiquer les étapes de ta perception et de ses formalisations dans les deux cas.

le travail qui est le plus littéraire pour moi, dans mon boulot, c’est tempo e pause, ce travail sur le cinéma italien, qui est de la structuration et de la culture et de l’image liée par des textes, trop plein de contextes orientés et dérives et ainsi de suite pour finalement ne se retrouver qu’en suite peut être logiques d’idées : c’est un texte, rien d’autre, peut être un poème.

Sinon, en remarque, je ne sais plus si je te l’ai dit, mais je suis collé depuis pas mal de temps sur le petit livre de rolland B de ci-dessus, "le plaisir du texte", vu les questions que tu me poses, il est fondamental que tu le lises, je pense que ces textes appliqués aux questions de l’interactivité résolvent beaucoup de choses.

Camille Duvelleroy : une lecture si tu l’as pas lu : Si par une nuit d’hiver un voyageur, d’Italo Calvino (précipite toi dessus, c’est fabuleux et je pense que beaucoup de choses pourraient être créées à partir de ses réflexions)

 

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