le 14 mars à l’université Paris X,Gabrielle Reiner intervient au colloque « Créer sans nouveauté : l’art et la politique aujourd’hui ».
Satyagraha (2009) de Jacques Perconte est un film réalisé à partir d’une pratique du found footage (terme anglais qui signifie littéralement ‟ métrage trouvé ” et désigne la récupération d’images préexistantes dans le but de fabriquer un autre film). L’oeuvre est dédicacée à Joachim Gatti, à l’appel immédiat de Nicole Brenez à la suite de ce qu’on a appelé ‟ les événements de Montreuil ” de 8 juillet 2009. Ce ‟ manifeste visuel ” répond à un évènement politique. Comment des oeuvres anciennes sont-elles réutilisées pour interroger l’actuel ?L’ancien serait-il une réponse au nouveau ? Comment Jacques Perconte réfléchit-il dans son film au devenir de la notion de création en art et comment cet art ‟ nouveau ” fait-il écho à des évènements politiques ?
Créer sans nouveauté : l’art et la politique aujourd’hui, lundi 14, 28 mars et 11 avril de 9h00 à 12h30
Université Paris Ouest Nanterre
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Organisation : Florian Gaité (Université Paris Ouest Nanterre, Sophiapol), Pauline Colonna d’Istria (Université de Poitiers, CRHIA)
Créer sans nouveauté : l’art et la politique aujourd’hui
Ces journées d’étude ont pour vocation à constituer un groupe de réflexion autour du devenir de la notion de création en art et en politique.
Si le mot de création jouit sans conteste d’une actualité dans le débat public, il ne fait pour autant pas signe vers une urgence de créativité, une nécessité pour chaque époque de se créer des formes radicalement nouvelles. La ‟ thématique de la fin ”, devenue lancinante à la fois en art et en politique, participe d’un sentiment d’épuisement formel qui semble aujourd’hui confronter les projets d’action à l’aveu de leur impuissance. En ce sens, le diagnostic de la fin des utopies, des idéologies ou des grands récits en politique, et la proclamation de la fin des avant-gardes, et d’une ‟ ère post-historique ” de l’art nous amènent à repenser le rapport entre création et nouveauté. Au-delà d’une conception de la fabrication ex nihilo, devenue stérile pour penser les phénomènes contemporains, la création comme moment originel s’évalue à nouveaux frais. Aussi, qu’est-ce que créer aujourd’hui ?
L’effacement des représentations révolutionnaires et des projets de critique radicale a profondément renouvelé la conception des formes possibles de l’action politique. Et les sociétés démocratiques modernes, complexes et globalisées, posent encore autrement la question des modalités du geste créateur. Si la figure du décideur politique en vient souvent aujourd’hui à se confondre avec celle d’un gestionnaire avisé du présent, qu’en est-il de la possibilité de créer du nouveau ?
Les ruptures induites par l’art contemporain, la multiplication des pratiques et des lieux, des matériaux et des sujets, ont permis une prolifération de formes auxquelles l’actuel désengagement des artistes dans la recherche du nouveau semble faire écho. Depuis deux décennies s’officialise une pratique du remake et de la parodie, de la reprise et de la référence, qui fait de chaque oeuvre une sorte de postproduction. Il convient d’apprécier la pertinence du critère d’innovation dans l’art actuel. Quelle redéfinition du ‟ créateur ” peut-on en tirer ? Quel est le potentiel plastique de la répétition ?
Une approche généalogique du terme de création et de ses usages contemporains nous semble pouvoir constituer un levier critique intéressant pour interroger les dynamiques à l’oeuvre en art et en politique. Les deux premières journées seront centrées plus spécifiquement sur un champ d’étude (l’art puis la politique) et la troisième travaillera au croisement de ces deux approches. Il s’agirait en effet de ne pas forcer d’emblée le parallèle ou le passage entre la création politique et la création artistique. Le croisement n’est pas un postulat ni un point de départ à ces matinées ; l’intérêt étant qu’il se constitue au fil de la réflexion.