Voilà la première mise en forme de mon idée proposée à Radio France pour la création d’une émission (qui se fera peut-être un jour) en parallèle du film.
Courbet, Monet, Pissaro, Boudin, Seurat, Corot ont passé de nombreuses heures le long de la côte normande à peindre ces lumières incroyables qui rythment les vents et les marées.
La scène de genre a eu sa grande époque. Pourquoi le paysage n’est-il plus un motif créatif contemporain ? La société s’est-elle trop construite sur la séparation entre l’homme et la nature ?
J’ai entrepris une série de films sur le paysage en 2003. Chaque film donne à voir l’histoire de mon rapport pictural à un lieu, à un temps.
Dans mon prochain film, je vais suivre quelques-unes des peintures impressionnistes qui ponctuent la côte normande. Poser ma caméra et filmer. Comme à l’habitude, chaque plan sera traité de retour à mon atelier. La matière sera exprimée. Et le film tendra ce fil entre le paysage et sa captation, son interprétation, son impression numérique.
J’aimerais pour ce film donner une dimension très forte au son. Et le son est un vrai défi puisque j’imagine profiter des marées puissantes de janvier et de février.
J’aimerais que le son devienne un projet à part entière.
Qu’il donne à imaginer le tournage et le paysage, la mer et le vent. Que de plans en plans, on se mette à côté de cette situation, que l’on trouve sa place en haut de la falaise ou sur la plage de graviers. Que l’on profite de ce temps important si difficile à partager où l’on est devant la scène, que la machine enregistre et où la nature et ses éléments s’enfoncent profondément en nous.
Le film donnera du pictural. Son son répondra à la perspective. Mais j’aimerais essayer de détacher le son de l’image dans une alternative au film et construire quelque chose de plus abstrait, de peut-être plus intime. Qui raconterait l’histoire sensitive d’un film.
Je vous fais cette proposition aussi parce que l’idée de construire du paysage à la radio me plait. Diffuser un espace physique, étaler une plage, des falaises et les connecter aux espaces urbains fermés soutient ma politique plastique. Je cherche à renouer le temps de l’homme à celui de la nature.
ill. falaise Nord de la grande plage à Etretat.