Cet article a été publié par Elena Calagna à la suite de la conférence du 28 Octobre à l’Observatoire des nouveaux médias. Retrouvez le sur le site original : Jacques Perconte, un peintre contemporain?.
Jacques Perconte fait partie de cette génération d’artistes qui ont vécus l’euphorie technologique des années 90 grâce à la diffusion de l’internet. Cet artiste, intéressé à la photographie et à la vidéo, a commencé à explorer les nouvelles possibilités fourni par le net.
A partir de 1996, il réalise ses premières vidéos pour le web en exploitant les limites technologiques du réseau même: il filme un écran d’ordinateur où des images en mouvement sont chargées sur une page internet, mais à cause des temps de chargement nous assistons à la disparition de l’image initiale en un flux mouvant presque hypnotiques.
En 2001 il réalise Phex pour le centre de danse de Paris où il filme deux danseuse avec trois caméra. Le thème est celui de la dispute, du jeu. Après avoir retouché les images et recréé une animation, il la filme à nouveau. Cet artiste qui aime filmé des écrans, fait presque disparaître la danse, les corps, pour affirmer le rôle de l’image numérique dans la vidéo. Car son intérêt réside dans l’affirmation de l’image numérique dans son élément base: le carré du pixel.
La saturation d’images à laquelle la notre société est assujettie et se manifeste clairement sur internet-lieu souverain de cette saturation-représente une thématique commune à plusieurs artistes contemporains.
En ridiculisant la qualité des images d’oeuvres d’art sur les sites internet des musées, des galeries, des amateurs d’art, Jacques Perconte utilise les images des tableaux du peintre abstrait Barnett Newman pour entamer une réflexion sur le rapport entre la peinture et sa ré-présentation su le web.
Barnett Newman, Life-sized web collection montre quelques reproductions de ses tableaux remises grandeur nature pour que l’on puisse enfin voir les mètres carrés de couleurs qu’ils proposent. L’image affiche sa taille originale et donc les peintures sont beaucoup plus grandes que l’écran. Il n’y a aucun moyen de voir la peinture dans son intégralité. Comme le souligne Perconte lui même, ‟ Ce qu’il y a à voir ce n’est pas la peinture de Barnett Newman, c’est la couleur et l’image qui glisse à la surface de l’écran”. Nous voyons ainsi l’image numérique pour ce quel qu’elle est: un ensemble de pixels qui composent la surface. L’artiste, au delà de ce que les images représentent, cherche à trouver une dimension picturale numérique et de l’exposer pour elle même. Nous n’avons plus donc une adaptation numérique d’une peinture, mais une nouvelle oeuvre qui n’est pas fait des touches de pinceaux, mais de carrés pixelisés. Une nouvelle matérialité de l’image que change par rapport à son support.
Ces images pixelisés acquièrent un statut indépendant d’oeuvres, tant que Perconte retrouve des moyens plus traditionnels de représentation. L’exposition It’s all about love ! (2008) est constituée d’images crées à partir de photographies du corps d’Isabelle, la bien-aimée de l’artiste. Il les travaille, il s’en rapproche jusqu’à donner l’impression de voir, au delà des pixels, les grains de peau d’Isabelle. Et, en même temps, avec les grandes surfaces de couleurs saturées et les formes aléatoires, il nous revoie a la peinture abstraite américaine de Barnett Newman.
Jacques Perconte redeviens artiste peintre en cette époque dominée par le numérique, et remet ainsi en cause le rôle de la peinture. Une nouvelle peinture fait à partir d’une nouvelle matérialité qui dépende de son support. Éphémère si l’oeuvre reste sur l’écran, mais réelle dès que l’artiste rend touchable ses images pas le biais de l’impression.
Mais faire de la peinture contemporaine est-il encore possible? Nous avons l’impression que toutes les possibilités concernant se domaine ont été déjà expérimentées. Perconte nous fait réfléchir sur ce que peut être la peinture aujourd’hui et son rapport avec les nouveaux médias. Ses travaux restent des exemples de comment la représentation numérique ne se réduit pas seulement à une reproduction vide de toutes significations plastiques,mais aussi, la manifestation d’une nouvelle matérialité, éphémère comme le support dont elles sont visualisées.
Elena Calagna / copyright ODNMblog