Troisième visite sur l’île de Pâtiras. Je me demande ce que je vais faire comme film. J’ai tourné beaucoup de plans fixes. Le temps qui s’écoule là est extraordinaire. Je ne sais pas si c’est le même qu’ailleurs.
J’ai envie de faire un film sur cette île pour marquer notre rencontre. Parce qu’après tout, chronologiquement, elle s’inscrit dans une série d’histoire avec des lieux qui est de plus en plus écrite.
Peut être que je vais faire une longue chronophotographie. Je n’en ai jamais vue une où l’on perde complètement l’équilibre. En même temps à chaque fois elles étaient éléments illustratifs d’une narration.Elles n’étaient pas le sujet.
Sur l’île il y a un phare. Il y a l’électricité en haut. J’ai assez envie d’y faire un plan image par image qui prenne l’île de la première lumière à la dernière. Faire une image toutes les secondes. Filmer durant 24 heures pour arriver à une séquence d’à peine une minute. Et si on y passait une semaine ? Faire un film de 7 minutes ? Une semaine sur l’île de Patiras. Pourquoi pas.
C’est impossible de capter ce qui est fascinant. La caméra ne sait pas entendre ni voir ce que l’on sent. On peut guider et pousser l’imagination mais rien ne remplacera une ballade. Ce n’est pas dans la représentation, dans la figuration, dans l’explication que le souvenir pourra étreindre une image qui ne lui mente pas.
Quand je suis là bas le temps se dilate, comme quand je suis avec des amis, au soleil, il se passe quelque chose qui fait que le temps ne se compte plus de la même façon. Alors j’imagine que je dois aller dans ce sens, confronter cette contraction et sa réalité physique. Une semaine en 7 minutes sans perdre une seconde.