Au fil des discussions avec Hugo s’est dessiné un projet assez clair. Nous avons les mêmes envies d’ouverture sur notre travail. Nous aimerions donner au public une place plus importante. Lui donner accès à notre travail sans qu’il n’y ait d’interface ni de distance. La première condition à cela est la présence. Notre présence. Le contact direct est irremplaçable et il désacralise souvent l’oeuvre ( si on le veut).
Hugo m’a raconté l’expérience qu’il a eue lors d’une exposition en Auvergne où il a accompagné son installation et où il a pu rencontre le public tranquillement. Cela lui a demandé d’être là tout au long de la journée mais ce qui s’est produit pour ceux qui venaient là curieux et qui le rencontraient valait la peine.
J’ai aussi conduit ce genre de démarche sur mon travail, je suis là quand j’expose, le plus possible. J’ai aussi entrepris de documenter le plus possible chaque étape de mon travail. Cela ralentit quelque peu les choses mais cela ouvre et démystifie et cela permet de fabriquer un matériel pédagogique important Sur ma dernière exposition à Evry, les images que j’ai faites de la commande au démontage retracent absolument tous les mouvements de l’histoire de l’oeuvre. En présentation c’est une somme de documents extrêmement précieuse parce qu’elle explique l’oeuvre mais ce qu’elle donne au public est encore plus important, elle ouvre des portes sur le travail de l’artiste lui-même au-delà de sa finitude et bien ici sur terre. Il n’est plus question de génie magique mais d’intention et de choix ancrés dans la réalité.
Peut-être qu’aujourd’hui notre travail d’artistes n’est plus simplement de produire mais aussi de raconter ce que nous faisons. L’art contemporain a éloigné son public à force de concepts et de philosophes de l’art qui n’avaient d’autre but que de justifier et d’expliquer ce que l’art avait à avoir avec la vie en oubliant de le laisser vivre. Il y a bien des questions auxquelles nous ne pourrons jamais répondre et surtout auxquelles il est peu important d’apporter des réponses. Il faut savoir lâcher prise et se consacrer à la vie. Peut-être donc que nous devons aussi faire de plus gros efforts pour raconter ce que nous faisons, parler de la création sans parler d’idées mais d’envie et de nécessitées…