J’ai fabriqué des milliers d’images avec I love you. On peut en faire encore des millions. Mais de toutes ces images seules quelques unes arrivent à trouver un véritable équilibre. Je fais des séries régulièrement. Le moteur (le programme) que j’ai fabriqué tient compte des paramètres contextuels : la date, l’entrée sur le réseau, les lois de l’univers… Alors faire des séries régulièrement permet de rencontrer de nouvelles propositions.
J’ai commencé à travailler sur une nouvelle collection d’images en janvier de cette année. Je laisse de côté toutes celles que j’ai faites. Elles seront pour certaines dans le livre que je prépare. D’autres se retrouveront peut-être dans des expositions ou des collections, et encore d’autres seront sans doute effacées. Mais elles restent inaccessibles tant que le livre n’est pas sorti.
La nouvelle collection s’appelle ‟ It’s all about love ”. Elle compte aujourd’hui 524 images. Deux ont déjà été acquises dans des collections privées. Deux autres sont en suspens. Ces images sont destinées à être dispersées. Pour le moment je propose aux intéressés de choisir dans la collection. A chaque fois que je reviens sur cette série d’images j’en efface quelques unes. J’espère revenir à une centaine d’images au final. Pas plus. Revenir à ce carré que j’utilise pour composer.
Je les laisse choisir comme ca parce que le choix procède d’un des éléments importants dans la relation que l’on a avec cette collection d’images. Parce qu’elles sont potentiellement des millions, il faut intervenir dans la cristallisation pour qu’une image sorte du lot et entame une histoire.
De mon côté j’ai déjà choisi plus ou moins définitivement quelques moments. Mais c’est à celui qui décidera de faire une image sienne de la trouver parmi les alternatives. Il est tout à fait possible que quelqu’un hésite sur une image et que finalement elle disparaisse, je ne pense pas que je le fasse sciemment. Par contre c’est évident que certaines images qui auront fait partie des possibles choix pour certains ne seront plus là pour les suivants. C’est déjà le cas.
La grande majorité des images concrétisées, tirées sur quelque support que cela soit seront éditées à un exemplaire. Les deux premières images que j’ai faites sont des tirages uniques. Les techniques et les tailles varient. Aujourd’hui il est question de tirages argentiques en diassec et de tirages numériques sur polypropène contrecollés sur du pvc… je pense à de l’impression
3D en résine pour sortir chaque pixel de l’image comme une tranche en volume….
Que se passera-t-il quand un certain nombre d’images se seront éparpillées à travers le monde et que les regards concentrés se perdront dans l’espace qui s’ouvre au coeur des formes et des couleurs de l’image ? Est-ce que cela ouvrira de canaux d’énergies qui traverseront la terre de part en part pour venir au coeur de ce que les images portent ?