Cet article a été publié par Hwajin Lee à la suite de la conférence du 28 Octobre à l’Observatoire des nouveaux médias. Retrouvez le sur le site original : Scintillement incessant, étonnant point d’intersection entre refus et désir.
Parmi les oeuvres que j’ai appréciées pendant la conférence de Jacques Perconte, son travail vidéo m’a le plus impressionnée. En effet, je ne sais pas si c’est à cause de cette impression originale et analogique procurée par son travail ou à cause des quelques sensations désagréables que j’ai ressenties (mal aux yeux et mal à la tête) ou encore, à cause de l’attitude sereine de l’artiste, comme si tout cela avait été fort bien calculé, j’ai lutté continuellement contre mon désir d’apprécier son travail, car, physiquement, je refusais ces images scintillant sans arrêt. Ces images présentant des personnes sont filmées de manière originale, leurs visages étant trop rapprochés de la caméra et déformés par la courbure de l’écran. On assiste aux mouvements de gigantesques pixels qu’on peut apercevoir d’ordinaire lorsqu’on visionne les images d’un fichier vidéo de basse qualité. Des carrés sont disposés ou troués, de manière irréelle, parfois sur les visages, parfois dans l’espace.
Le scintillement de l’écran provoque également une certaine forme de vertige, comme si un écran blanc avait été ajouté entre chaque séquence. Mon corps refuse de contempler cette oeuvre… Je suis curieuse de savoir s’il existe, en art contemporain, d’autres exemples de travaux artistiques qui volontairement visent ce type d’effets. Je ne connais pas exactement l’intention de Jacques Perconte, cependant, étant donné que les spectateurs sont davantage marqués par la fatigue de leurs yeux que par le travail de l’artiste, je m’intéresse de plus en plus à cet effet.) Alors que la salle de conférence était saturée de ses effets empêchant notre regard de se détourner, j’ai scruté les autres participants. En observant les visages éclatants de ces gens, j’ai réfléchi au point d’intersection surprenant existant entre l’appréciation d’une oeuvre artistique et le refus érigé par notre corps. En effet, comment l’artiste peut-il contrôler son travail en le situant entre un effet artistique et l’acceptation physique des spectateurs? Le travail vidéo de Jacques Perconte, réunissant tous ces éléments et combinant parfaitement l’ambiguà¯té, le vertige et différents scénarios incertains envahissant l’écran, demeurera pour moi une expérience artistique particulièrement inoubliable.
Hwajin Lee / copyright ODNMblog