Il ne faut pas longer les palissades aux abords des chantiers. Ici, il y a quelques jours quelqu’un aurait pu y laisser sa peau. Bêtement le mur en démolition s’est écroulé. Je trouve ca juste fou. J’ai assisté à la scène depuis un restaurant à quelques mètres. Vingt secondes avant que le mur ne s’écroule passait par là une classe de très jeunes enfants…. Personne ne s’est énervé contre les responsables de ce chantier. J’aurais aimé qu’il y ait des excuses publiques, un panneau prévenant du danger, un signal… Mais non, les responsables ont maquillé la faille et nettoyé les débris pour que l’on ne voit surtout pas l’accident. J’ai guetté les traces le lendemain, elles étaient discrètes. Je n’ai pas fait d’images mais je devrais peut-être. Cela pourrait devenir une proposition : la mise en scène du maquillage. Au-delà du questionnement du pourquoi si peu de prévention, pourquoi sur un chantier où on sait que l’accident est plus attendu qu’ailleurs, l’écho me travaille… La volonté d’effacer les traces saillantes de ce qui nous touche de près pour oublier l’instant trivial en parallèle de l’abus d’information sur ce qui nous touche de loin. Les malheurs ailleurs nous terrorisent (à priori) mais nous rassurent. Ici nous devons nous sentir en sécurité. Je pourrais faire naître une certaine colère. Si quelqu’un s’était fait écraser quel aurait été le relai ? Certainement qu’on aurait mis une plaque et quelques bouquets. Qu’on aurait sacralisé le lieu. Mais là , dans le potentiel, la faille est seulement colmatée. J’aurais aimé qu’on la signale. Que l’on écrive dans l’espace cette ouverture de la matière qui pousse le danger…. Et c’est un hôpital qu’on construit.
Hôpital Tenon, Paris 20ème, le 27 octobre 2008 vers treize heures. Je photographie de temps en temps les travaux de l’hôpital Tenon qui est à deux pas de chez moi….