Il ya deux ou trois ans en feuilletant le magazine des cinémas mk2 j’ai découvert quelques images du travail de Johanna Vaude. Une soirée était consacrée à la projection de plusieurs de ses films. Je crois même que cette séance était organisée par Hugo Verlinde… Bref, j’ai eu très envie de voir ses films parce que l’illustration très colorée me parlait. Elle soutenait l’idée d’un travail contemporain sur la pellicule, sur la matière, sur la couleur. En même temps le texte lui semblait plutôt évoquer un travail sur la vidéo… je ne me souviens plus très bien, mai j’avais ressenti quelque chose de particulier. Comme souvent quand je veux voir quelque chose, je n’ai pas fait assez d’efforts pour y aller et j’ai manqué la projection… J’en ai manqué plusieurs et ce n’est qu’il y a quelques jours que j’ai fini par enfin découvrir ses films lors d’une rencontre à l’institut National d’histoire de l’art.
La soirée était organisée par L’association les trois lumières, Johanna avait une carte blanche. Elle y présentait une série de travaux qu’elle ne montre pas très souvent. Elle présentait aussi pour la première fois son dernier film.
J’étais vraiment curieux de voir ses images. J’ai été surpris. J’ai été emballé par sa sensibilité. Elle arrive à manipuler beaucoup de formes (d’aménagements, d’écritures) que je n’aime pas avec une telle franchise et une telle aisance que ce qui me dérange d’habitude disparait et devient le moteur de la surprise… J’ai vraiment apprécié être démonté dans mes à priori vis-à -vis de dispositifs que j’estimais relativement ‟ pauvres ” – peux fertiles (par mon expérience, pas théoriquement). Elle a notamment présenté un ‟ mix ” vidéo qu’elle a récemment improvisé et j’avais vraiment cette impression de découvrir enfin un dj de l’image… J’ai travaillé avec des musiciens en live comme vj. Je l’ai fait quelques fois et puis j’ai arrêté car je fabriquais des films pour chaque live. Ce qui me prenait un temps fou. Les nombreuses performances que j’ai pu voir au cours des dernières années ne m’ont vraiment pas convaincus que c’était un champ créatif parce que ceux que j’ai vu n’avaient pas la vidéo dans le sang comme les dj’s peuvent avoir la musique dans le coeur. Johanna l’a.
Ensuite ce qui m’a surpris c’est l’immensité des champs que ses investigations couvrent. Son dernier film, Anticipation, m’a fait reculer. Je l’ai trouvé dur et il m’a fait beaucoup réfléchir. Mais après quelques minutes, il s’est digéré. Le film est brillant (je pense). Il est traitre (il m’a eu). Peut-être que j’écrirais sur cette diégèse technologique où l’image numérique se joue du monde où elle batifole.
Bref au sortir de la projection nous avons échangé quelques mots mais le lieu n’était pas idéal pour se rencontrer. Isabelle était très amusée et n’arrêtait pas de me dire que Johanna et moi avions de très nombreux points communs. Que nous avions des pratiques très proches. Et que la différence et que Johanna était une fille et moi un garçon… Le lendemain, alors que j’allais lui écrire j’ai eu la surprise de trouver un message d’elle qui manifestait une curiosité partagée. Quelques jours plus tard Johanna était à la maison. Nous avons regardé quelques uns de mes films. Je pense qu’elle a été aussi agréablement surprise que je l’ai été. Maintenant y aura-t’il une suite ? Je crois que j’aimerais bien. Je l’ai beaucoup appréciée et il y a certainement un terrain propice entre nos pratiques… A suivre…
Johanna Vaude Visual experience / images © Johanna Vaude (exploration / Impakt
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