Penser l’art… oui, c’est ça l’idée. Il faut que cela soit juste. Pour l’entendre il faut savoir le définir. Il y a besoin de limites pour protéger notre monde. Si ce n’est qui n’est pas de l’art entrait par erreur dans le monde sacré que se passerait-il ? Quelles réserves à la pensée objective ? Penser l’art simplifie les choses. Établir des distances avec les formes… Combien d’hommes et de femmes aujourd’hui, quelles que soient leur disciplines sentent quelque chose leur échapper. Ce glissement et autant théorique que pratique. Comment expliquer que tout et son contraire cohabitent aussi aisément ? Si l’on essaye de maitriser les objets par la pensée en les enfermant dans notre regard c’est qu’il y a quelque chose qui nous fait peur. Nous devons bien nous rassurer que le monde est celui que nous croyons, que les anges n’existent pas, que nous allons survivre malgré tout par notre position dominante. Nous ne sommes plus victimes de la nature ! Hein ? Mais nous savons que si… c’est ça qui est amusant quand on y pense. Voir tous ces efforts, toute cette agitation pour échapper à ce qui est écrit au plus profond de nos cellules… la pensée est un jeu. C’est un artifice que nous avons dessiné pour ne pas nous ennuyer soi-disant pour évoluer… Nous avons réussi à contredire notre nature. Nous sommes des sauvages !
‟ Déproduction, cela sonne bien, cela pourrait être le principe d’énergies consacrées à ne pas produire des oeuvres. ”*
Penser l’art, la production d’objets et arriver à théoriser la volonté d’un artiste à justement ne pas produire l’oeuvre… c’est faire encore un pas vers le paroxysme de l’absurdité de la situation… Même si la pensée peut justifier le fait. Qu’est ce que cela fait à part border quelles têtes dans le constat apaisé de la perception qu’ils ont du monde ? Ce que je puise dans cette note c’est un peu de jus pour encore raconter qu’il faut arriver à s’extraire de ses yeux intellos. Même si nous ne pouvons pas vraiment échapper à notre culture (je ne sais pas à quoi cela servirait vraiment) nous devons essayer de ne pas fermer les champs.
Toutes idées ne nous ouvrent pas au monde. J’en suis persuadé. Et puis il faut peut-être se dire qu’un objet n’est pas forcément une chose matérielle. L’objet de ma pensée reste bien réel : refuser de fabriquer une oeuvre, s’y efforcer en tout cas (ou prêter cette idée à quelque artiste) c’est tenter de souligner une particularité en réaction avec la normalité (à priori). C’est porter sa propre fascination sur une ouverture qui s’échappe des choses qu’on croit fermées, c’est l’illusion d’une liberté. C’est une belle remarque. Mais théoriser le principe. Qu’est ce que c’est ? Est-ce que ce n’est pas justement détruire cette impression ? Ne vaudrait-il pas mieux essayer de préserver le sentiment ? L’expliquer, essayer de le réguler en croyant qu’on le fera vivre, c’est commencer à l’éteindre, peut-être pas dans la réalité mais dans son coeur certainement.
A propos de la critique de la production d’objets : ce que je critique ce sont les intentions quand elles sont trop portées par l’appréhension de la perception. Répondre peut être dangereux. Le mou, le plat peuvent être dangereux.
La sympathie peut être dangereuse. Qu’est ce que j’aimerais ? Qu’on sache (et que je sache) parfois se laisser transpercer par la lumière qui peut surgir du monde et reconnaitre ce qui est plus que tout une certaine image de la beauté au-delà de nos goà»ts, ce qui n’appartiennent pas aux résultats des calculs mentaux qui nous préparent à aimer les choses.
Il faut lâcher prise. Arrêter de nous agripper au monde individualiste où l’on se préserve de tout en croyant que cette attitude nous sauvera. Nous sauvera de quoi ?