Premières notes sur mes intentions quant à l’invasion… de la Galerie bordelaise aux soldes d’hiver, au premiers jours de janvier 2008.
La galerie Bordelaise est un passage privé, une allée commerçante à l’angle de la rue Sainte Catherine et de la rue saint Rémi. Elle conduit à la rue des piliers de Tutelle. Elle est classée mais tombe sous le poids des années. Son état est de plus en plus inquiétant.
C’est une allée à laquelle j’ai toujours été attaché. Mais depuis que j’entretiens de Bonnes relations avec la famille Michard et que nous collaborons sur des projets, le lieu a pris une place particulière dans mes préoccupations.
J’ai proposé à la fin de l’année 2006 de réaliser une installation importante dans cette allée. J’ai proposé de la murer de boîtes à chaussures sur les deux tiers de sa hauteur et sur la totalité de sa largeur. Rendant la traversée impossible le temps de l’installation si ce n’est par le magasin de chaussures qui s’étendra de part et d’autre du mur et qui possèdera une entrée de chaque côté. J’ai proposé de murer la galerie pour les soldes.
Dans les années 60 Christo et Jeanne Claude (célèbres pour avoir emballés nombre de monuments importants dans le monde depuis) ont muré la rue Visconti à Paris en protestation contre l’élévation du mur de Berlin. Leur mur était fait de 240 Barils de Pétrole. Etaient-ils visionnaires de la future crise du pétrole ? On peut apporter de nombreuses interprétations à postériori sur cette oeuvre.
Depuis décembre le magasin Michard Ardillier met de côté toutes les boîtes à chaussures que les clients n’emportent pas. Ces boîtes serviront de briques pour l’édification du mur. Une structure interne simple permettra de garantir la stabilité du mur. Pour traverser la galerie d’un bout à l’autre, il faudra passer par le magasin. Le passage sera soumis aux horaires ‘ouverture du magasin. Normalement, les passants sont déjà soumis aux heures d’ouverture de la galerie. Les horaires du magasin diffèrent et il sera impossible de traverser la galerie aux heures de fermeture du magasin. Les passants, à cause du mur de boites seront contraints à pénétrer dans le magasin. Ce sera les soldes.
Ce mur n’est pas une manifestation contre l’élévation d’un nouveau rideau de fer entre l’est et l’ouest. Mais il rend compte de manière évidente la complexité de la réduction d’un oeuvre à un concept. Y réside l’ambigüité de la contigüité entre art contemporain et action commerciale : est-ce que cette oeuvre se positionne comme une critique de la consommation ? Ou en est-elle un pur produit ? la filiation avec l’oeuvre de Christo est assez importante, elle ramène à vif le contexte de l’époque : la guerre froide, la guerre d’Algérie, la crise pétrolière… Ou en sommes-nous ?
Cette séparation vient priver certains de l’accès privilégié de la galerie, de son drain commerçant, derrière le mur que reste-t-il ? Faire le tour ne prend pas cinq minutes de plus à pied, mais la gène sera certainement affranchie du réalisme il s’agit là de la privation d’une liberté, d’un acte d’obstruction qu’on pourrait considérer comme du vandalisme. Mais il est question de récolter les autorisations des copropriétaires. Ce geste est aussi une manifestation du collectif de privés
Que se passera-t-il ? Quelle sera la réaction des medias ? Des autorités ?
ill. Simulation rapide du dispositif de frein au passage, bidouille sur image numérique à refaire mieux plus tard.
Soldes d’hiver,Galerie Bordelaise, Michard Ardillier, Bordeaux, janvier 2008.