Netartophilie
Le netart a du exister un bref instant dans la tête de quelques-uns il y a une douzaine d’années, quand dire netart ne servait à rien. Dès lors qu’il y a eu l’envie que soit accordée aux pratiques une légitimité dans le monde de l’art les libertés se sont estompées, les clans se sont formés, la rhétorique est venue nourrir les conflits et les bavardages. On peut penser que sur internet les artistes reconnus ou anonymes sont égaux. Mais dans la vie (In Real Life), ce n’est pas le cas. Les premiers peuvent aisément produire, montrer, vivre alors que les autres doivent se battre dans l’ombre et gagner leur pain. Mais en ligne tous affichent leurs productions au même étage. C’est la grande révolution artistique d’internet : l’artiste peut s’exposer sans aide.
L’évolution des technologies, leur démocratisation, la montée fulgurante d’internet a poussé beaucoup de gens à croire que parce que la technique pouvait être accessible, la créativité s’apprivoisait avec les nuits blanches.
Internet c’était la liberté d’expression contre tout (ça l’est encore un peu). Tous ceux qui créaient essayant de s’approprier la nouveauté dans leurs coins se sont réunis autour de diverses interfaces. De nombreuses communautés d’internautes artistes et théoriciens ont vu le jour. Les discussions sur les listes sont venues nourrir les réflexions globales sur les sujets de l’art, du netart, des techniques et de la société. Internet, le mail, le peer to peer (et les autres) supportent aussi le développement d’outils ‟ artistiques ” pour la majeur partie libres. Le fil de la conversation partagée aux quatre coins du globe soutient une activité débordante.
Ainsi sur certaines listes de diffusions se discute depuis le début la définition même de l’art. Il faut savoir ce que c’est l’art ! Parce qu’ensuite on pourra dire ce qu’est le netart (ou d’autres formes à revendiquer) et ainsi repérer dans l’immense diversité des créations ce qui en est ou n’en est pas…. Et comparer : Où est l’avant-garde ? Qu’est-ce qui est pur et dur ? Quelle forme est légitime ? Pourquoi je ne suis pas reconnu ? Ainsi, la réflexion tend majoritairement vers la nécessité de légitimer les pratiques. La plupart des individus-artistes cherchent leur place dans des sphères de reconnaissance d’importances diverses.
La posture d’artiste s’est démocratisée sur et avec internet (ils sont de plus en plus). Chacun cherche la singularité, mais tout le monde a les mêmes outils (souvent téléchargés et crackés). Et si l’on prenait ce chemin, celui de l’envie de créer non pas par nécessité, mais par désir de non-conformisme. Parce que depuis internet on peut se sentir encore plus impuissant et seul face au monde, le besoin d’avoir ce sentiment d’exister, d’être unique, différent s’intensifie. Et là il y a des solutions apparentes : faire son blog, faire les meilleures photographies pendant les manifestations, faire de l’art. Aujourd’hui il n’y a rien de plus facile. Moins de cinq minutes pour ouvrir son site internet gratuitement, des centaines d’outils pour capter l’attention des autres, des dizaines de communautés avides de nouvelles nouveautés… Pour en revenir au netart, ils sont peu à s’en sortir. Mais qui le sait ? Ils n’agissent pas globalement finalement. Chacun à son public. Certaines communautés partagent leurs publics. Quel non-spécialiste connait le netart et ses artistes ? Quel spécialiste connait les mêmes artistes que ses confrères ?
De tous temps des artistes ont couru vers les nouvelles technologies. Ce sont des bricoleurs. Ils ont bidouillé les machines bien avant l’invention de l’électronique, bien avant internet. L’art numérique, le “new media art†pour son appellation anglo-saxonne regroupe toutes les pratiques artistiques qui se servent des nouveaux médias (on dira ça comme ça). Le netart se rangerait là -dedans. Mais il y a trop de formes différentes, une trop grande confusion pour saisir quelque chose, c’est comme parler de sculpture ou de peinture.
De toute façon, il y a une bien trop grande réserve ici en France pour pouvoir imaginer ce que sont les arts numériques (si jamais cela servait à quelque chose). On rassemble les oeuvres et les artistes qui utilisent les nouvelles technologies, on les extrait de la scène artistique globale parce qu’on ne sait pas trop dire si c’est vraiment de l’art, on garde une réserve quant à la qualité des oeuvres. Mais comme on sent qu’il se passe quelque chose, on parque les créations dans des espaces confinés et identifiables bien en marge de l’art légitime, on appelle ça art numérique.
Les pratiques artistiques qui utilisent internet ont pris le pli de bien des mouvements classiques de l’histoire de l’art : le netart minimal, le netart médiatique, le netbodyart, le netart support-surface, le netart conceptuel… les artistes ont aussi bien réfléchi la forme que le fond, les spécificités médiatiques que le contexte informatique. Ne serait-ce qu’un nouveau ‘support’ ? Qu’un nouveau moyen ?
D’un côté, certains (artistes, journalistes, théoriciens…) soutiennent une pensée théorique. Cette pensée étudie les rapports entre technique, pratique et philosophie. Ainsi, les oeuvres qu’ils aiment doivent faire preuve d’une efficacité dans le discours qu’elles portent. Elles ne sont que compréhensibles, l’esthétique n’est pas une donnée fondamentale.
De l’autre, d’autres sont fascinés par les possibilités de la technique. Et le contenu sert de support à la forme. Il l’enrobe.
Mais finalement, vu de l’extérieur, il se passe quoi ? Qui comprend ? Qui a envie de jouer ? Que font les gens face à une oeuvre (de netart)? Sur internet une grande partie d’entre eux arrive par hasard, parce qu’un mot clef ingénieusement référencé par un moteur les a guidés ici ou là . Restent-ils ? Sont-ils curieux ? Face à l’art en général les gens se protègent de ce qu’ils ne comprennent pas et qui ne les accueille pas. Ils sont curieux, ils aimeraient glisser dans les oeuvres et en faire l’expérience. Mais beaucoup de propositions visant peut-être à les dérouter et à les questionner se positionnent justement contre eux…
Les aficionados pour beaucoup, selon le camp auquel ils appartiennent : les philosophophiles ou les technophiles ne voient que l’effort technique et la pensée. Ils écoutent les contes théoriques et les histoires techniques comme des romans de science-fiction. Je vois là une espèce de danger. Le signal qui percute n’est pas bon, il appartient à l’appareil, pas à la production elle-même… Cela voudrait-il dire que la production est moins forte que l’appareil ? Je connais plus de gens fascinés par la technologie î le progrès, l’innovation î que par l’art.
Hans Belting raconte l’histoire de l’art au tournant, il rappelle que les canons de l’art sont vieux (et certainement dépassés). Quand on reprend cette histoire, le XXème siècle est le moment où l’art se détache du beau au sens commun de ses canons. Depuis une grande partie des créations évoluent en dehors des possibilités de perception d’une grande partie de la population. On dit que c’est dà» à un manque d’éducation (artistique). Ils voient, regardent, mais ne sentent rien si ce n’est leur possible exclusion. Mais aussi c’est au cours de ce siècle que les Occidentaux se sont encore plus plongés dans leur cerveau jusqu’à ce que certains puissent ne plus voir avec leur coeur, mais avec leurs idées. Idées construites consciemment par affinité. Le jugement n’est plus de goà»t, mais de valeur. Et les sens frisent le mental d’une impression d’intelligence en surpuissance quand l’intellect est bousculé par l’oeuvre. A-t-on réellement besoin de se projeter dans une pensée pour s’accorder ? La déflagration de l’intelligence effleure le corps, mais le vertige n’est pas physique.
Artisan des ‘nouveaux médias’ j’ai été je ne sais combien de fois questionné sur le temps, la technicité, les efforts, la difficulté, l’innovation mise en oeuvre… Depuis quelques années j’essaie d’effacer la technique le plus possible. Ce n’est pas ce qui doit être vu.
Qu’est ce que c’est créer avec les nouvelles technologies î quand je dis créer, c’est viser une forme expressive, ‟ faire de l’art ” (pas fabriquer un outil) ? Est-ce que c’est fabriquer une machine technologique qui ne fonctionne que par ses rapports de fascination, où la technologie est la magie qui séduit ? Est-ce qu’il faut entretenir cette fascination ? J’ai vu trop d’oeuvres qui ne tenaient qu’à cela, oeuvres à cause de cela, mais vides et inexpressives, quand l’effet de nouveauté aura passé le pas, à la prochaine génération de technologies, il ne restera plus rien.
Internet est l’un moyen qui sert ma démarche. L’idée de défendre le netart me parait assez absurde, ce n’est pas un combat qui doit concentrer des énergies. Et étudier les typologies du netart ? À quoi bon, il y a des questions sou jacentes bien plus fondamentales. En effet c’est pratique pour raconter des histoires, mais des histoires qui ne concernent que l’histoire du média, du genre, mais qui ne permettent en rien de comprendre ni d’approcher l’art. D’ailleurs, écrire une histoire du netart est amusant, c’est presque incohérent. Qui sait ce qui s’est passé ? Qui sait ce qui se passe ? Si justement la grande spécificité c’est qu’il se passe des choses en dehors des circuits officiels et que peut-être personne ne le sait… J’en ai écrit une sous la forme d’un wiki. À partir d’une histoire du netart à priori célèbre : ‟ Reprenant le texte de Natalie Bookchin (a story of net art, 1999, open source), Jacques Perconte vient d’ouvrir a wiki story of net art. Tout est dans le titre : ajoutez, modifiez, effacez, mystifiez… sur le web, personne ne sait si vous êtes un historien. ” Chacun se retrouve libre de corriger l’histoire selon son appréhension logique de la chose ou de ses aspirations. Chacun peut prendre part à l’histoire du netart, effacer ou écrire, chacun peut se revendiquer comme à l’avant-garde du netart… il y a d’ailleurs eu une bataille sur les dates les plus anciennes. Certains voulaient être à tout pris les premiers (les vrais). J’ai ‟ accidentellement ” remis l’histoire à zéro en juin 2005. Depuis elle a repris son cours. Cette ‟ oeuvre ” est très netart. Elle est assez pure. Mais elle concerne qui ? Qui l’a mise dans ses favoris ? Qui vient la visiter ? Qui s’en sert ? À quoi sert-elle ?
Les réponses à ces questions sont évidentes. Le plaisir quel qu’il soit qui peut se dégager du contact avec cette proposition n’est lié qu’à l’intérêt qu’on peut avoir pour le netart. Il m’est arrivé plusieurs fois de présenter ce travail à des étudiants, des élèves de lycée. Certains étaient séduits par la proposition, par le lien entre l’idée de ce qu’est par principe un wiki, et le fait de s’en servir pour écrire une histoire du netart. Le recoupement de ces idées peut conduire à une certaine expérience intellectuelle. Mais c’est absurde. C’est cette absurdité qui en fait le sujet de ma proposition. Je la trouve amusante. Mais qu’est ce qu’elle apporte aux gens ?
Quand j’ai présenté ce travail à des publics pour qui internet n’est rien d’autre qu’une idée abstraite et compliquée qui peut certainement rendre leur vie plus casanière, j’ai senti les regards plonger dans le vide à la recherche d’une substance dans mes propos. C’est évident que je n’avais rien pour eux.
A wiki story of netart est une approche assez radicale î formellement, le spectre de perception est très réduit. On ne peut pas ramener tout le netart à cela, mais on peut dire que le netart est coincé dans internet… Est-ce que c’est la meilleure place pour de l’art ?
Pierre Restany écrivait en 1969 à l’occasion d’une des toutes premières expositions d’arts électroniques : ‟ L’art cybernétique a donné au monde la preuve de son existence, de sa vitalité, de ses possibilités: en tant que nouvelle orientation de la pensée créatrice, il est né en aoà»t 1968 au coeur de Londres et dans la fête. Et cette joie des petits et des grands préfigurait l’un des chapitres de la métamorphose technologique: un art total, un art pour tous. L’esthétique généralisée annonce une société nouvelle ayant retrouvé enfin le goà»t de la fête collective et le sens profondément humain du jeu. ” La création artistique au sein des nouvelles technologies s’avance vers les publics sur le mode du jeu î la face intellectuelle se réservant plutôt pour les professionnels. On joue à l’interactivité. Sur internet des technologies comme Adobe Flash on surdémocratisé l’interactivité. Tout doit bouger, tout devient interactif. Le design de la communication coupe l’herbe sous les pieds à la gratuité de la création. On consomme ici. On n’hésite plus à transgresser les codes, à dérouter en vendant. La publicité s’est armé de techniciens de l’alternatif, du viral. Des campagnes vont si loin qu’on pourrait les confondre avec des oeuvres d’art…La France est assez épargnée, mais au Brésil, internet déborde sans cesse dans l’espace public et les actions de communication se répercutent dans tous les sens, c’est sensationnel. Quelle place reste-t-il à l’art ? Et surtout si sur internet la primeur de la protestation, de la non-conformation, du détournement, de l’alternative devient l’apanage de la publicité, que reste-t-il à l’art d’internet ? Peut-être que l’art c’est plus que ça alors…
Le public doit tenir une place fondamentale. Même si ce sont les théoriciens, les collectionneurs, les institutions qui modèlent le paysage de l’art, ne s’installent durablement que les oeuvres où le public rencontre la magie au-delà de tout discours… Cette magie n’a rien de théorique, elle n’est pas éphémère.
Nous ne vivons pas uniquement dans des représentations. ‟ Les philosophes du droit naturel moderne font parfois remonter notre origine à un contrat social que nous aurions, au moins virtuellement, passé entre nous pour entrer dans le collectif qui nous fit les hommes que nous sommes ”. Nous vivons unis en microcosmes sociaux. La nature nous est extérieure, c’est un objet à penser. Et l’art, c’est aussi un objet à penser? J’y ai cru, je crois. J’en ai joué. Et c’est évident que cela a été le moteur à un moment donné de mon travail, de ma vie. Mais j’ai vu rapidement que cela se passait sans moi. L’articulation de ces pensées et de ces états mettait en scène une dynamique que je ne qualifierais pas de naturelle. Je m’avancerais à parler d’une adolescence de la pensée qui serait l’art critique de considérer les choses comme extérieures et de les laisser fuir dans une spirale intellectuelle. Cette culture du goà»t, des sensations qui se formeront là ne sera qu’une illusion.
En disant cela je ne cherche pas à énoncer de vérité ni à proposer de théorie, je donne simplement un avis qui ne me met pas hors de cause. Je fais partie du jeu. Je critique l’art, je critique cette façon que nous avons de vivre en dehors de la réalité naturelle des choses, notre façon que nous avons de devoir parler de tout pour amplifier notre sentiment d’existence lors de chaque expérience et pallier le manque de compréhension que nous avons de nos perceptions. Je critique les formes qui sont de plus en plus fréquemment des appareils au service de notre pensée. L’art ne doit pas être à mon sens une machine microcosmique. Je le crois universel. Ce que je veux dire c’est que je ne pense pas que la construction d’idées servant une réflexion sur l’état des idées nous conduise dans une direction juste. Je ne pense pas que c’est ce dont nous avons besoin. Je suis sur que nous avons besoin de revenir vers nous, de trouver dans les images et les idées de la place pour être libres. Et cette liberté je trouve qu’elle manque cruellement aujourd’hui.
La surcharge d’informations, la complexité du monde, la vision globale que nous avons et l’impossibilité de la synthétiser nous donne certainement envie de devenir plus intelligents encore, plus capable de produire des architectures de pensées transversales, plus aptes à nous servir d’outils omniscients. Nos désirs et nos curiosités sont de plus en plus contextualisés, culturels, nous avons de moins ne moins les pieds sur terre. J’ai rencontré des gens pour qui se balader c’est perdre du temps et dont l’idée de faire une marche peut être une source de stress. La concurrence et de plus en plus dure. La distance réelle entre le gens est de plus en plus grande. Nous ne parlons plus de nous, mais de ce que nous faisons. Nous ne parlons plus des objets, mais de ce qu’ils font. Il y a de l’interface partout.
Alors le netart ? Cela peut arriver. Il se peut que cela soit l’espace idéal pour faire quelque chose. C’est fragile, c’est éphémère. Qui peut suivre le rythme des technologies. À quoi bon conserver tout ce qui se fait ? Qui sera capable de s’orienter à la fois dans ce qui sera conservé et ce qui se fera ? Il y a globalement trop de choses et ça augmente.
Depuis des années je m’en sers comme d’un carnet de croquis, je note, je partage mes notes, je stocke, j’oublie. De temps en temps il y a de vraies oeuvres, je tente plus librement. ‟ La nécessité de commettre des erreurs et de produire parfois des oeuvres médiocres fait partie du processus. Je connais beaucoup plus d’échecs que de succès. C’est ainsi que j’apprends. ” Peut-être que c’est le rapport qu’il faut entretenir avec la création qui s’y installe. La saisir au passage et la laisser s’effacer. Aujourd’hui l’information file dans tous les sens, cela devient presque incohérent d’essayer de la stocker. On la repère, on en saisit une trace et puis au bout de quelque temps il ne reste plus que ce qu’on a mis de côté. L’accumulation n’a comme limite que nos capacités à nous souvenir. Même avec des moteurs de recherche puissants on perd toujours…
Peut-être qu’il ne faut garder de tout cela que ce qu’aura construit l’expérience pour écrire à notre tour quelque chose de ‟ nouveau ”… Encore faudra-t-il savoir écrire par besoin de partager et pas simplement pour se placer quelque part, pour exister aussi, parce que cela ne mènera à rien.
La création en ligne, le netart, souffrent certainement d’un certain renfermement. S’ouvrir cela demande plus d’efforts et surtout quelque chose à partager. Si à manifester il n’y a que quelques idées sur la société, sur l’interactivité, sur le monde du netart, sur les médias, sur la société, cela ne suffit peut-être pas (certainement) pour toucher ceux qui ne sont pas déjà d’accord, ceux qui ne prêtent pas l’oeil, ceux qui passent par hasard. Mais est-ce que l’écran d’un ordinateur peut être le théâtre d’un évènement puissant ? On pourra tourner et retourner sans cesse les questions, nous ne vivons pas que dans nos têtes. Les artifices et le superficiel n’amusent qu’un instant. Il faut réussir à traverser les câbles et l’écran pour toucher le coeur. Et comme l’exercice reste très difficile, le netart reste encore à l’écart…
Hans Belting, Art History After Modernism, University Of Chicago Press, 2003
Jacques Perconte, a wiki story of NetArt, http://www.technart.fr/NetArtHistory/, février 2005
Alexandre Boucherot, Une histoire (mouvante) du net-art – blog aeiou, juin 2005
Pierre Restany, Beaux-arts électroniques, planète, avril 1969, à propos de la première exposition d’arts cybernétiques à l’institut Britannique d’art contemporain.
Michel Serres, Le contrat naturel, Flammarion, 1999
Jacques Perconte, Encore des idées, encore sur Godard, 2006
Andy Goldsworthy, Rivers and Tides, New Video Group, 1999
Texte « invité » par la revue Terminal. 2006-2007
NET ART, TECHNOLOGIE OU CRÉATION ?
Terminal n°10, éditions L’Harmattan
ISBN : 978-2-296-05535-3 - mai 2008 - 176 pages
Appel à contribution – Octobre 2006 : Le NetArt : création, réception, critique
Coordination : Geneviève Vidal – Thomas Lamarche
L’art sur l’internet ou le NetArt a des caractéristiques, qui méritent d’être analysées, puisqu’il questionne le média. Différentes typologies tentent de classer les oeuvres NetArt, arborescentes, combinatoires, associatives, interactives, adaptatives, génératives, contributives, collaboratives…. Ces modes de classement des oeuvres numériques peuvent bien évidemment se combiner, ajoutant à la difficulté de rendre compte de cette expression artistique sur l’internet.
Si l’on retient que l’internet constitue une scène des pratiques artistiques, nous ne devons pas omettre qu’il offre également un accès à un nombre considérable d’informations et de communications, bousculant les repères des internautes pour autant compétents face aux innovations. Le NetArt cherche justement à jouer et déjouer les images, les langages, les présences et les pratiques, pour mieux les interroger.
De fait, il convient d’étudier ce que provoque le NetArt à l’heure d’un web 2.0 annoncé dans un contexte de traçabilité généralisée. En effet, pour expérimenter l’interactivité standard sur les sites d’informations et de services commercialisés, ou déroutante sur les sites d’artistes, les internautes, conscients ou inconscients de leur condition en ligne, acceptent l’informatisation, la réticularisation et la marchandisation de la société. Dans un tel environnement, les artistes développent une posture critique à l’égard de ce processus complexe.
Cette posture se traduit en expériences esthétiques et interactives proposées comme mise en débat des postures captives des utilisateurs des technologies d’information et de communication en réseau. Une critique artiste sur l’internet peut-elle dès lors être appréhendée entre pratiques et contestation, à l’heure où des innovations juridiques (licence art libre, creative commons) s’élaborent. ?
Nous souhaitons dans ce nouveau numéro de Terminal aborder ces questions, à la lumière de la création NetArt avec différents acteurs issus de l’art contemporain, de la programmation, de la littérature, du design, du cinéma ou de la vidéo, des arts du spectacle, de la recherche.
Nous proposons alors de réunir artistes et chercheurs pour avancer dans l’analyse de cette nouvelle forme de création et l’analyse critique de la société de contrôle, en s’intéressant aussi aux publics-participants-contributeurs qui tentent l’expérience NetArt.
Sous l’angle des pratiques artistiques et des activités de réception des oeuvres NetArt, ce numéro de Terminal permettra de faire émerger de nouvelles pistes de réflexion sur la dissémination des technologies informatiques dans la société. Les analyses des chercheurs en sciences de l’art/esthétique, en sociologie critique, en sciences de l’information et de la communication, celles des artistes de l’internet, sont riches d’enseignement.
Les approches suivantes peuvent être distinguées :
- traçabilité, copie, citation, détournements,
- posture critique des artistes et innovations esthétiques et sociales,
- informatisation sociale et l’art sur l’internet
Au delà de ces perspectives, d’autres contributions développant des approches socio-économiques, socio-juridiques et esthétiques sont les bienvenues.
Format des articles publiés : Le comité de rédaction attire l’attention des auteurs sur le projet éditorial que défend la revue et qui fait son originalité entre des publications académiques et des revues. Terminal n’a pas pour vocation d’être une publication académique de recherche et pourtant le contenu scientifique des articles mérite une attention particulière, ils sont soumis à un comité de lecture. Souhaitant permettre le développement de réflexions critiques, Terminal veille au sérieux des problématiques proposées et à leurs fondements. Terminal ne s’adresse cependant pas seulement à des chercheurs et souhaite rester d’une lecture abordable par des lecteurs d’horizons et de pratiques divers. Les contributions, qui peuvent comporter de façon limitée des illustrations, veilleront donc à s’inscrire dans cette logique selon les consignes suivantes : article centré sur une problématique sans détours excessifs par les phases classiques de positionnement disciplinaires ; article pour non-spécialistes, supposant une lisibilité pour amateurs avisés (limitation du nombre de notes de bas de page et des références bibliographiques à l’essentiel) format autour de 25000 caractères (signes et espaces compris, sauf cas particuliers : notamment illustrations) …
TERMINAL
Revue trimestrielle sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
SCIENCES ET TECHNIQUES COMMUNICATIONTerminal est une revue de réflexion critique sur les mutations de la société à partir de la question des nouvelles technologies de l’information. Autour d’informaticiens, de sociologues, de syndicalistes et de praticiens, Terminal s’attache à une réflexion pluridisciplinaire et transversale sur les enjeux culturels et sociaux de l’informatisation.
Terminal existe depuis 1980, d’abord sous forme bimensuelle. En 1993, elle s’est transformée en une revue trimestrielle éditée par les éditions L’Harmattan.
Depuis le numéro 87, chaque livraison de la revue comporte un dossier thématique.
Les dossiers sont ouverts à la collaboration avec des associations, des laboratoires universitaires ou des chercheurs indépendants.
Nous publions également des articles isolés regroupés par module (Réseaux, Technologies Travail, Multimédia, Stratégies, Technosciences, Identités, Pouvoirs).