par Marie Josèphe Jasson
présentation du projet > nos images et leurs limites
Lycée Notre Dame de Sion
Professeurs: Marie-Josèphe Jasson, Marie-Tiyi Jalon, Béatrice Reynaud-Lacroze, Estelle Pheulpin.
Intervenants: Jacques Perconte, artiste plasticien, vidéaste.
Partenaire: Maison du Geste et de l’Image.
Avec l’accord et le soutien du chef d’établissement: Marie-Odile Idrac et du Conseil d’Etablissement.
Durant l’année scolaire 2006-2007 les 29 élèves de la classe de 2nde1 en Option de Détermination Arts Plastiques ont travaillé en interdisciplinarité avec leurs professeurs d’Histoire-Géographie, de Français, d’Anglais et d’Arts Plastiques.
La Maison du Geste et de l’Image, notre partenaire, nous a proposé de travailler autour de ‟ Territoire en Direct ” avec le 19ème arrondissement.
Les élèves ont découvert le travail de Jacques Perconte et ont suivi tout au long de l’année ses démarches à travers ses expositions et interventions.
Nous avions décidé en lien avec nos programmes et la MGI de travailler sur les notions de ‟ Territoire, Limite(s) et Frontière(s) ”.
En Arts Plastiques, à partir de l’incitation: ‟ Un territoire à mon image ”, les élèves ont investi divers médiums, techniques, supports, l’espace, l’installation ; ils ont questionné les limites de l’image et de l’oeuvre, le paysage, le cadre, le champ et le hors champ.
En Français, ils ont questionné le récit ; en Géographie, les limites et frontières terrestres, les contrastes culturels en fonction de l’occupation terrestre ; en Anglais, les différences culturelles, les frontières établies par le langage.
Mise en oeuvre et déroulement du projet
Nous avons engagé avec l’artiste, Jacques Perconte, un projet à partir de photos numériques qui a abouti à un site Internet. Les élèves ont été amené à inscrire leurs photos sur un site de stockage et ont communiqué par l’intermédiaire d’un blog.
Octobre : Découverte de la démarche artistique de Jacques Perconte, traversée de Paris du centre à la périphérie.
Nous avons invité les élèves à une traversée de Paris, du centre (l’Ile de la Cité), en passant par les Portes Saint Denis et , la Gare de l’est, les quais de Valmy, la Villette, sous le périphérique, Pantin et retour par le RER.
Cette déambulation ponctuée de prises de vue fut, pour eux, une découverte extraordinaire. Aucun d’entre eux n’avait dépassé le Châtelet. Ils ont eu l’impression de voyager à travers des cultures différentes, des mondes différents, des lieux de vie, des espaces urbains différents. Ils ont découvert une ville qu’ils croyaient connaître.
Novembre : utilisation du matériel informatique, transfert des photographies sur le site Flicker, ouverture du Blog, communication à partir d’une photo et d’un texte. Début du partenariat avec le Jeu de Paume et visite conférence ‟ Friedlander ” au Jeu de Paume et son travail sur l’ombre, la lumière, le champ et le hors champ, Mois de la Photo.
Nous avons découvert l’écart entre les élèves face à l’appropriation de l’outil informatique : de l’absence de boite email et du rejet total de cet outil aux élèves assez à l’aise mais en minorité (5 ou 6) en début d’année. Tous ont été, cependant assez enthousiastes pour se mettre en apprentissage ; la mise en ligne de tous les travaux (textes et photographie)fut assez longue en partie à cause de l’absence totale de connaissance de certains.
Décembre : découverte d’une ville européenne, Londres (les Docks, de la périphérie au centre, exposition Vélasquez) Prises de vue. Visite au FRAC Ile de France
Projection en classe de photos, échange avec l’artiste, questionnement à partir du choix d’images fait sur le blog. Réalisation d’une série photographique : mise en évidence d’un protocole de prise de vue, d’un questionnement à travers les images,.
Janvier : présentation des séries photographiques, échanges, critiques.
Les élèves ont eu des difficultés à faire ce travail qui demandait une organisation personnelle, un engagement, et à le rendre dans les temps (2 élèves seulement l’avaient rendu durant la première semaine de janvier). Nous avons pris conscience qu’ils travaillaient dans l’urgence ; que, pour une grande partie(le 1/3 voire la moitié) c’était leur mode de fonctionnement. Nous avons eu beaucoup de mal à lutter contre cette léthargie qui d’ailleurs était beaucoup plus importante dans la vie scolaire que dans l’atelier. Ils ont été nombreux à nous dire que l’atelier les avait stimulés, qu’ils avaient l’impression de s’être dépassés (voir le bilan élèves).
C’est également posée la question: qu’entend-on par ‟ Territoire, Limite(s) et Frontière(s). Chaque élève a été invité à méditer et à s’exprimer sur ces notions et à réorienter son travail en fonction des réponses qu’il faisait. Ils ont eu du mal à se détacher des définitions géographiques pour s’approprier la question.
Février : nouvelle série photographique en s’appuyant sur les conseils donnés en janvier, Visite conférence ‟ L’évènement ” au Jeu de Paume et les statuts de la photographie.
Nous avions demandé aux élèves de reprendre leur questionnement précédent pour l’améliorer. En dehors de quelques élèves, ils ont préféré partir dans une autre direction en créant de nouveaux écarts, de nouvelles questions dont ils n’avaient pas toujours conscience. Ceci a entraîné des malentendus, parfois des incompréhensions de leur part que nous avons essayé d’éclairé par le dialogue. Nous trouvons que les élèves sont très individualistes et peu enclin à s’intéresser aux autres, à leur travail hormis les amis.
Mars : nouvelle série, écriture d’un texte en relation avec les images réalisées qui mette en relief la démarche et dont la forme est libre (poétique, historique, narratif…), découverte de l’exposition de Jacques Perconte, création du territoire-classe, du site.
Nous avons proposé aux élèves d’accrocher à tour de rôle une de leur photo sur un grand mur blanc. Un paysage se dessine, ils découvrent ainsi ce qu’ils appellent ‟ le territoire de la classe ”. Se pose alors la question de leur place dans ce territoire qui sera la première page du site. Nous leur proposons s’ils le souhaitent, de modifier l’emplacement de la photo sur le futur plan, à tour de rôle, en expliquant les raisons de la modification. Nous assistons alors à un calme balai : les élèves qui étaient proches d’autres, s’éloignent, vont même jusqu’à faire disparaître une photo sous la leur prétextant une ligne d’horizon ou disposent leur photo de travers….La réaction de certains élèves ne se fait pas attendre : ‟ la carte ne ressemble plus à rien ”, il n’y a plus de tensions, d’écarts, ‟ les distances sont les mêmes partout ”…ils prennent conscience de leur ‟ individualisme ”, de leur ‟ peu d’intérêt pour leur collectif ” au profit de leur propre personne. Après des échanges vigoureux certains décident de reprendre la première place occupée par leur image, occupation qui répondait en générale à un choix plastique plutôt qu’à une mise en valeur personnelle.
Une photo du mur a été faite par l’artiste, qui l’a utilisée pour créer la première page du site. Un groupe d’élèves, accompagné de l’artiste a créé le site. Chaque élève a ainsi pu inscrire une série et son texte que l’on est amené à découvrir en circulant sur le territoire et en ouvrant les images.
Avril : tirages d’une photographie grand format( 50x65cm) par élève, journée à Amsterdam (Rembrandt, promenade à pied dans le centre ville et sur les canaux du centre à la mer, Van Gogh) nouveau paysage urbain, nouvelles découvertes
Mai : présentation à la Maison du Geste et de l’Image, Installation de l’exposition ‟ D’un territoire à l’autre ” à Notre Dame de Sion, visite conférence à l’Hôtel de Sully ‟ Jürgen Nefzger ” et la question du paysage.
Les élèves ont beaucoup apprécié ce projet car ils ont eu l’impression de se dépasser par l’engagement que nous leur avons demandé bien qu’ils aient été déstabilisés en début d’année par la nature du projet qui les renvoyait à eux-mêmes et à des questionnements qui, parfois, les dépassaient. Ils ont aimé les différentes démarches de travail (individuel, en petits groupes, en groupe classe), la liberté d’expression durant les prises de vue et le travail d’écriture bien qu’ils se soient très souvent plaints du travail demandé.
Ce projet amène une dynamique très importante dans une classe de 2nde (origines scolaires différentes, niveaux scolaires différents, situations familiales différentes) en particulier cette année où les élèves ont eu du mal à s’investir dans le travail scolaire. Le projet leur a donné un souffle et l’occasion de s’épanouir malgré tout.
Les élèves apprennent à se connaître, à travailler ensemble, à s’entraider, à s’apprécier, à construire avec leurs différences; ils ont, au final, fait preuve d’esprit d’initiative dans la dernière partie du projet et se sont vraiment investis dans les installations mettant en évidence leur projet d’année en Arts Plastiques.
La photographie est devenue un nouvel outil de travail (c’était le but…il est atteint…). Une élève désire poursuivre cette découverte par un stage, d’autres envisagent de poursuivre leurs études dans cette direction. Quant à l’outil numérique, s’il n’est pas encore une évidence pour tous, ils ont tous dits avoir progressé et qu’il n’était plus maintenant une barrière pour eux. Quelques élèves ont fait un montage « i movie » afin de présenter le projet de la classe à l’ensemble des 2ndes en fin d’année.
Ils ont ainsi une approche différente des cours enseignés. L’ensemble des enseignants a remarqué l’ambiance agréable de la classe bien que se plaignant tous du manque d’énergie face au travail demandé ; ce que nous avions constaté et que nous ne sommes pas vraiment arrivées à enrayer.
Les professeurs sont enthousiastes et prêtes à recommencer l’expérience (voir nouveau projet).
Financement et remerciements
Cette année, le budget DRAC sans HSE pour les enseignants ne permettant pas de financer notre intervenant pour l’ensemble des heures engagées, nous avons déposé une demande de subvention auprès de la Région pour un projet plus global de la classe, engageant un voyage à Londres et un partenariat avec le Jeu de Paume, le tout en lien étroit avec l’atelier artistique photographique. Nous remercions donc infiniment la Région Ile de France pour son apport qui nous a permis de finaliser le projet et de lui donner une plus grande ampleur.
Notre chef d’établissement, Madame Idrac, a pu nous dédommager en partie en nous accordant une demi-heure chacune pour le projet, pris sur le global de l’établissement. Nous l’en remercions chaleureusement car, si cela ne couvre pas entièrement le temps passé devant élèves, au moins cela nous assure de sa considération pour le travail engagé.
Nous remercions la Maison du Geste et de l’Image pour le matériel mis à disposition et la confiance renouvelée.
Les élèves ont organisé des ventes de gâteaux afin d’alléger la participation financière de leurs parents
Nous remercions aussi les parents d’élèves pour leur participation et leur confiance.
Nous remercions Madame Idrac, notre chef d’Etablissement, et le Conseil d’Etablissement, pour avoir tout mis en oeuvre pour que ce projet de classe puisse voir le jour.