…qui peuvent être prises par un appareil
Si l’on envisage en ce sens l’appareil photo (et l’appareil en général), on voit qu’il produit des symboles – des surfaces symboliques – de la manière déterminée qui lui a été prescrite. L’appareil photo est programmé à produire des photographies, et chaque photographie réalise une des possibilités qu’offre le programme de l’appareil. Le nombre de ces possibilités est élevé, mais fini : c’est le nombre de toutes les photographies qui peuvent être prises par un appareil. Certes, en principe, on peut toujours reprendre une photographie de la même manière ou d’une manière très analogue ; mais pour ce qui est de photographier, voilà qui n’a aucun intérêt. Pareilles images sont ‟ redondantes ” : elles ne portent aucune nouvelle information et sont superflues. Par la suite, on laissera de côté les photographies redondantes ; ce faisant, on restreindra le concept de ‟ photographier ” à la production d’images informatives. Du même coup, il est vrai, la majeure partie de toutes les prises de cliché tombe en dehors du cadre de la présente enquête.
Vilem Flusser, pour une philosophie de la photographie, circe, 2004