Isabelle m’a rapporté d’un vide grenier un magazine que je ne connaissais pas : planète, un numéro d’avril 1969 où il y a un article de Pierre Restany sur la première exposition qui introduisait l’art cybernétique… Voici le dernier paragraphe :
L’art cybernétique, qui naît à peine, débouche bien évidemment sur un acte de foi. Un acte de foi qui risque fort de rester sans écho dans la France de 1969, qui a accumulé un impressionnant retard dans ce domaine. Il n’y a aucun Français dans l’exposition Cybernetic Serendipity, à l’exception de Nicolas Schoffer, père de la sculpture spatiodynamique. L’art des ordinateurs, chez nous, est dans les limbes: manque de contacts des artistes avec l’industrie et la recherche technique; absence totale d’information du public. L’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie nous ont largement devancés en Europe. Ne parlons pas des États-Unis ou du Japon. Un fait demeure. L’art cybernétique a donné au monde la preuve de son existence, de sa vitalité, de ses possibilités: en tant que nouvelle orientation de la pensée créatrice, il est né en aoà»t 1968 au coeur de Londres et dans la fête. Et cette joie des petits et des grands préfigurait l’un des chapitres de la métamorphose technologique: un art total, un art pour tous. L’esthétique généralisée annonce une société nouvelle ayant retrouvé enfin le goà»t de la fête collective et le sens profondément humain du jeu.
Pierre Restany, Beaux-arts électroniques, planète, avril 1969, à propos de la première exposition d’arts cybernétiques à l’institut Britannique d’art contemporain.