1. Le pays / Paris, le Musée du Louvre, Aile Denon, 1er étage, Salon Carré (à droite)… C’est par ici que commencent systématiquement mes visites. Quand elles sont courtes, je ne vais pas plus loin, pour moi c’est là que sont entreposés les chefs d’oeuvres de ce musée. L’approche se fait par quelques peintures murales éblouissantes – Alessandro FILIPEPI dit BOTTICELLI.
Ce lieu recèle d’images étonnantes, à chaque fois que je pose un pied sur ces parquets, mon coeur détonne, tout de suite la matière coule dans mes veines. Les détails de la peinture, de la pierre sur laquelle elle est posée, le temps qui a instauré de nouveaux jeux entre les gestes figés du peintre et la nature des choses périssable, que l’on tente vainement de freiner ici. Le résultat de ces altérations produit de nouvelles images, je décontextualise vite, ces noms célèbres ne résonneraient peut-être pas tous en moi de la même façon si j’avais connu leurs peintures du temps où elles étaient neuves. Ce n’est pas le mythe qui m’éblouit mais la force de l’abstraction locale produite, ce résultat de ce qui a été dépassé par les ages et sublimé par l’érosion. Il faut se rapprocher. Le temps leur donne une nouvelle dimension. Plan serré sur un coin, le gris effrite le vert, il n’y aucun volume. Les teintes sont légères mais sombre. Plan moyen, les formes sont perceptibles, plan large, la figuration reprend le dessus sur mon imagination, je me retourne, et passe la porte pour rentrer dans la salle suivante. Je ne vais pas à la même vitesse que les autres visiteurs. C’est la salle de l’or, et des Anges, cela fait quelque temps que je ne les ai pas admirés. Je fais mine de ne pas voir ce qui est devant moi, je me dirige tout de suite sur ma droite, vers un détail par GIOTTO.
Saint François prêche aux oiseaux. Le ciel est d’or. Craquelé d’or. Je les regarde un moment, je me focalise naturellement sur le visage de celui qui fait le geste. Sa tête est ornée. Les points sont en volume. Je me recule, un autre moment, Bernardo DADDI, à la feuille d’or encore, le rouge tombe d’une façon incroyable sur cet ange. Je me retourne et finalement passe à celui pour qui finalement je dois être là . Accélération, impatience. L’avant-goà»t, juste en dessous des nuages dirons-nous, à partir du couronnement de la vierge, c’est bien sà»r FRA ANGELICO qui s’annonce. C’est ce premier ensemble qui aspire toute l’énergie de la pièce quand on est là . Les bleus sont les plus forts qu’il ne m’est jamais été donné de voir. Que je m’avance, que je me recule, c’est comme si j’étais face à une toile abstraite, je ne vois presque que les formes et les couleurs, je n’identifie pas la scène, le sujet s’évanouit dans le temps de ma perception et je tourne à droite.
2. les Anges / Une vitrine qui en semble ne rien abriter de précieux. Deux pièces de bois… ‟ Ces deux panneaux, aujourd’hui fragmentaires, constituaient les parties latérales d’un ciborium généralement identifié avec celui que Vasari décrit en 1568 sur le maître-autel de l’église San Domenico de Fiesole près de Florence, en avant d’un triptyque de Fra Angelico dont les éléments principaux sont toujours conservés dans cet édifice. Un tabernacle avec les figures peintes du Christ bénissant et de six anges (Saint-Pétersbourg, Ermitage) prenait sans doute place à l’origine au centre de ce ciborium. ”
Ce images sont d’or. Beaucoup plus que les autres. La première fois que je me suis arrêté devant, je n’en croyais pas mes yeux. Impossible de m’en détacher. Et depuis c’est le même flux d’énergie qui s’étire entre les deux images et moi. Elles m’irradient de leur rose et de leur bleu. L’or pousse ces couleurs dans la lumière, les dizaines de chocs et de rayures qui les ont meurtries ne sont plus que des vibrations, et la composition s’organise au-delà de la séduction, les anges sont si angéliques, si fragiles î l’image est si fragile, on imagine qu’elle est prête à disparaître. Sa force est celle d’un éclair, mais il dure, il résiste tant à l’instant où il me saisit qu’il m’étourdit. Et la danse m’emporte, mes sens sont trop sollicités. Aucune autre oeuvre de ce Musée ne me fait ça, comme ça.
3. Le ciel, bien au-delà des nuages / Et bien j’oublie d’histoire de l’art dans sa forme classique. Quand j’accompagne des amis ici, que je les guide à travers les moment de cette histoire qui nous est contée, de ces choix qui ont été faits et de ce qui a été retenu comme important à nos yeux. Je parle peu des contextes. Bien sur que cela a son importance, mais si certaines de ces images sont plus fortes que les autres, hormis celles qui sont exagérément sur exposées et finalement inaccessibles, c’est que ce que ces peintures (sculptures) dégagent nous lie à une dimension qui nous est inconnue, elle nous dépassent et nous transpercent, au-delà de l’histoire et des hommes. Alors ce ciel, celui de tel ou tel Dieu, parce que là c’est l’occident que j’ai rencontré, mais il y a des résonances dans toutes les cultures, celle-ci c’est celle ou l’on ma éduqué, ce ciel, il est au-delà des nuages, et ces forcent qui nous lient sont bien plus que culturelles….
Alessandro FILIPEPI dit BOTTICELLI Un jeune homme présenté par Vénus ? Aux sept Arts libéraux Vénus et les Trois Grâces offrant des présents à une jeune fille http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=sal_frame&idSalle=445
GIOTTO DI BONDONE Colle di Vespignano (Toscane), vers 1265 – Florence, 1337, Saint François d’Assise recevant les stigmates. À la prédelle : Le songe d’Innocent III ; Le pape approuvant les statuts de l’ordre ; Saint François prêchant aux oiseaux Vers 1295 – 1300 H. : 3,13 m. ; L. : 1,63 m. http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=1204
Bernardo DADDI Connu à Florence de 1320 à 1348 L’Annonciation Vers 1335 H. : 0,43 m. ; L. : 0,70 m. http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=1211
Le Couronnement de la Vierge A la prédelle, scènes de la vie de saint Dominique : Le Rêve d’Innocent III ; L’Apparition de saint Pierre et saint Paul à saint Dominique ; La Résurrection de Napoleone Orsini ; Le Christ au tombeau ; La Dispute de saint Dominique et le miracle du livre ; Saint Dominique et ses compagnons nourris par des anges ; La Mort de saint Dominique. Vers 1430 – 1432 H. : 2,09 m. ; L. : 2,06 m. http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=1197
Guido di Pietro dit FRA ANGELICO Ange en adoration, tourné vers la droite Ange en adoration, tourné vers la gauche Vers 1430 – 1440 ? H. : 0,37 m. ; L. : 0,23 m. http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not&idNotice=1215