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Posté le 24 juin 2005 dans presse / textes -> lien permanent
La Grande Baleine Blanche Du Net-art

une notule balancée par Gflu le 24 juin 2005 à  15h37 sur aeiou

Lieu dit c’est quoi ? Lieu dit c’est qui ? Si on était ailleurs que sur Lieu dit (sur le réseau, donc), on parlerait de friche artistique. Ce serait monstrueusement tendance, on pourrait y voir quelques huiles de la DAP affalées dans des canapés de récup. Seulement voilà , on est en ligne, pas facile de poser sa bière sur le rebord du jpeg. On est au siècle dernier, en l’an de grâce 1998, en pleine e-bullition, et on assiste à  la création intempestive d’une URL qui pourrait apparaître comme le premier serveur collectif de net-artistes en France. Collectif ? Peut-être… Dans le désordre, Annie Abrahams, Jacques Perconte, Antoine Moreau, Yann Le Guennec, Pierre Cuvelier, Sylvie ( ?), KRN Dermineur, Eric Maillet, Jean-Philippe Halgand, Nicolas Frespech, CTGR ; ils balancent des fichiers, créent des projets (il faudra un jour se pencher sur cette floraison de « projets » – artistiques, économiques, personnels… – dans une société qui ne semble plus en avoir), testent le gif comme ci, le formulaire comme ça, le tout dans un joyeux bordel. Une « friche » (sans les fameuses huiles de la DAP…). Après quelques années de fastueuses parties d’upload, le lieu est laissé à  l’abandon. Nom de domaine en rade. Des petits morceaux de lieu(x) dit(s) à  droite à  gauche, mais plus de lieu dit singulier point org. Jusqu’à  ce qu’Annie Abrahams lance l’idée, il y a quelques semaines, de réhéberger les archives. Prise de bec par mails interposés : faire de la conservation d’archives, pourquoi ? La mémoire, peut-être. Discussions par mailing list, et Jacques Perconte qui prend finalement lieu dit par les cornes, redépose sauvagement le domaine, et réhéberge ce qui pouvait l’être, en donnant les codes d’accès à  ceux des artistes qui voudraient modifier, voire retirer certains fichiers. « Je ne suis pas pour remettre en ligne une épave de baleine. Pour moi, Moby Dick doit rester un mythe » dixit CTGR dont le répertoire ne comporte plus que cette sobre ligne. Peut-être justement de quoi aviver le mythe. Palimpsestes numériques, zones d’autonomies intempestives, ateliers en ligne… l’expérience du labyrinthe Lieu dit, de ses clics dans le vide : une belle façon de s’interroger sur la mémoire du réseau…

 

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