Signifiant littéralement ‟ champ coloré ” ou ‟ champ de couleur ”, le terme fut employé par le critique et théoricien Clement Greenberg en 1962 à propos d’artistes comme Barnett Newman, Mark Rothko, Clyfford Still – issus de l’Abstract Expressionism -, chez lesquels Ici couleur, libérée de ses fonctions localisantes et dénotatives, acquiert davantage d’automomie. N’ayant plus fonction de particulariser ou de remplir une aire ou un plan, elle ne plaide que pour elle-même. Selon la proposition désormais traditionnelle de Matisse, selon laquelle un mz de bleu est plus bleu qu’un cm2, l’intensité de la couleur dépend de son étendue, All Over – et les tableaux ne comprennent ainsi qu’un nombre réduit de couleurs (deux ou trois), étalées de manière relativement uniforme et impersonnelle afin d’éviter toute mise en relief de la pâte et/ou de la touche.
A ces artistes, C. Greenberg joignait une ‟ seconde génération ”, comprenant Morris Louis, Kenneth Noland, Helen Frankenthaler. ceux-ci limitent moins leurs palettes, ils conservent cependant un usage très fluide de la peinture (qui va jusqu’à l’imprégnation de la toile) qui, ainsi, gêne moins le déploiement de l’espace-couleur par le simple fait qu’elle exclut toute référence tactile C. Greenberg). Par rapport à la première génération, cependant. ils délaissent une problématique très fructueuse, celle des Limites (des plans colorés comme du tableau), qui, à travers le « Hard Edge 1″ d’Ad Reinhardt ou de Barnett Newman, allait conduire au « Shaped Canvas » de Frank Stella et à l’Art Minimal.
Vanina Costa, Colorfield, Groupes, Mouvements, Tendances de l’art Contemporain depuis 1945, ensb-a, 1989