L’idée d’art par ordinateur est graduellement apparue en Europe et aux Etats-Unis pendant les années 60, bien que la première oeuvre artistique (dans un contexte musical) ait déjà été réalisée par l’Américain John Whitney en 1951. Le terme est très général et couvre l’utilisation créative d’ordinateurs dans des formes artistiques allant de la sculpture interactive à l’art de télécommunication utilisant des liaisons par satellites, en passant par les travaux graphiques et conceptuels. Si le terme soulève fréquemment des connotations négatives, c’est simplement parce que beaucoup d’oeuvres créées par ordinateur ont été produites par des scientifiques, mathématiciens et amateurs qui ne se préoccupaient pas nécessairement des problématiques habituelles de l’art contemporain.
Les premières expositions en Europe sont ‟ Cybernetic Serendipity ” à l’I.C.A. en 1968 et l’influente ‟ Event One ” de la Computer Art Society en 1969, toutes deux à Londres (les figures les plus marquantes de cette dernière étaient JohnLandsdown, Georges Mallen et Alan Sutcllffe), suivies de ‟ Tendencija 4 ” (Zagreb, 1969) et ‟ Komputer Kunst ” (Hanovre, Munich, Hambourg, 1969-70). L’importante organisation new-yorkaise Experiment in Art and Technology a également utilisé des ordinateurs. L’écriture contemporaine (par exemple le catalogue de l’exposition à l’IC.A.) s’efforce de faire reconnaître l’ordinateur comme un outil nouveau pour produire une nouvelle forme d’art, alors que la plupart des travaux en 2D n’engendraient jusqu’alors qu’effets optiques sophistiqués, traitements et distorsions systématiques, visualisations mathématiques. Les tendances des années 60 et du début des années 70 comportaient des travaux interactifs ou environnementaux comme le Senster (Palpeur, en 1971) par Edward Ihnatowicz, Green Music en 1974 par John Lifton (plantes faisant de la musique) et Seek (Recherche, en 1970) par l’Américain N. Negroponte (cobayes qui vivent-et meurent aussi-dans un univers de blocs de bois, contrôlé par ordinateur), de même que des explorations graphiques comme celles de Manfred Mohr, Vera Molnar, Herbert Franke qui produisit le premier des dessins par ordinateur en 1956, Georges Nées, A. Michael Noll et Charles Csuri. Notons l’influence des Brésiliens Waldemar Cordeiro et Giorgio Moscati qui proposèrent de considérer le traitement digitalisé d’images comme acte artistique. Beaucoup de travaux en 2 D se rattachaient aux tendances constructivistes l’ordinateur étant considéré, bien plus qu’une machine logique pour résoudre des problèmes, comme composante de l’esprit technologique d’un âge nouveau. Les séries aléatoires étaient souvent utilisées pour ‟ simuler ” la créativité. Depuis la fin des années 70, le Computer Art a éclaté en quatre tendances principales : 1) La production d’images mathématiques, fantastiques, ‟ impossibles ”, avec souvent une grande confusion entre le graphic design et l’art. Beaucoup de conservateurs, (le Critiques et d’artistes croient encore due c’est avant tout l’objet de cette forme d’art. 2) L’utilisation d’intelligence artificielle ou de systèmes de logiciels pour simuler ou explorer la créativité en art. Souvent interactifs, les résultats permettent parfois de dépasser les apparentes limites quantitatives des ordinateurs. Harold Cohen avec ses systèmes intelligents de dessin est un des pionniers en ce domaine. Il existe beaucoup de relations (surtout en France et aux Etats-Unis) entre le développement et la philosophie des systèmes cognitifs et de recherche en interaction sensorielle, et les explorations en art-voir par exemple le travail et les publications de Mario Borillo de Toulouse, ou ceux d’Edmond Couchot à l’Université de Paris Vlll. 3) Le prolongement et l’aspect dynamisant des interactions entre Computer Art et Art conceptuel 1. Cette forme d’art est bien plus proche par exemple de John Cage, Nain June Paik, Art and Language. Joseph Kosuth, et même joseph Beuys, que de la produtction d’images technologiques. 4) L’art robotique et de télécommunication. Ce sont des travaux interactifs caractérisés par leur aspect social et souvent conceptuel. Voir par exemple le travail de Norman Vhite ou de Tom Sherman au Canada, d’Edward Ihnatowicz, de Roy Ascott ou de Don Foresta.
Brian R. Smith, Computer Art, Groupes, Mouvements, Tendances de l’art Contemporain depuis 1945, ensb-a, 1989
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