La pièce qui aurait été proposée à défaut d’être ce que communément on aurait appelé une pièce multimédia reposait sur une structuration interactive (1) non technologique, c’est-à -dire que les principes interactifs mis en jeux ne relevaient pas d’une interférence homme-machine, mais de processus intellectuels – articulation d’informations et de pensées -.
Ce choix de ne pas faire de cette pièce un phénomène principalement technique a d’abord été financier (ii), puis à force de questions en essayant de braver l’infaisabilité, il est apparu comme étant nécessaire de me positionner fermement quant à la demande.
Bien que la science fasse l’objet de sa représentation à travers la technique, il me semble important de signifier qu’avant tout elle est structuration d’intelligence et canalisation de principes.
Elle instaure des logiques de droits et de lois qui rationalisent peu à peu les champs pour finir par tisser un ensemble complexe de lieux, topographiquement, qualitativement, quantitativement, techniquement,
technologiquement définits.
Représenter ce que serait un des foyers de cette communication, concentration de savoirs scientifiques et techniques, serait plus pour moi écrire cette pensée constructiviste d’un image complexe plutôt que de la
réaliser dans ses simples dimensions esthétisantes.
Façonner une image trop séduisante, définir le lieu par une position révélant une image utopique pourrait servir la magie de la science du moins celle de ces illusions que véhiculent les images profanes à travers
la plupart des supports de vulgarisation ou le images hérétiques dont se nourrissent les illusionnistes marchands du grand public.
Même si la communication se voue à désacraliser la réalité, elle ne cesse d’accroître les distances entre les images qu’elle produit et leurs vérités. La science produit ses propres images, la technique ses propres schémas, rien de faux ne devrait en transpirer.
Est-ce que la science séduit ? Est-ce qu’elle ne fascine pas plutôt ? (2)
» Écrire, c’est ébranler le sens du monde, y disposer une interrogation indirecte, à laquelle l’écrivain, par un dernier suspens, s’abstient de répondre. La réponse, c’est chacun de nous qui la donne, y apportant son histoire, son langage, sa liberté ; mais comme histoire, langage et liberté changent infiniment, la réponse du monde à l’écrivain est infinie : on ne cesse jamais de répondre à ce qui a été écrit hors de toute réponse : affirmés, puis mis en rivalité, puis remplacés, les sens passent, la question demeure. »
Roland Barthes, Sur Racine, Seuil ed, 1963, p11
-notes-
(1) Dans mes recherches et expérimentations je raccroche plus l’interactivité à des situations où le rapport du spectateur à mon travail est proche de l’intimité, je pense que ce genre de pièces, aujourd’hui nécessite que le spectateur ait la place et le temps de se poser dans un rapport à la proposition où il n’est pas techniquement et socialement désarmé.
(2) J’entends la fascination comme étant bien plus profonde que la séduction, plus intellectuelle, plus abstraite, presque indéfinissable.
(ii)- exposition technique -
Question de la vidéo par Stephane Singier, responsable technique de z-a en réponse à l’exposition du projet :
- La technique de projection vidéo en rétro projection est peu adaptée à une utilisation en extérieur, de surcroît dans une exposition plein sud, à l’exception de la nuit bien sur.
- Les dispositifs adaptés à l’extérieur sont les LEDwalls de la société BARCO avec technologie Dlite. Ces dispositifs sont destinés à être fixé sur les façades d’immeuble en extérieur. Ils sont constitués de modules d’une cinquantaine de centimètres de coté et permettent de construire des grands écrans. Ils utilisent des leds qui sont plus ou moins grosses en fonction de la finesse désirée. Nous avons une mauvaise nouvelle, il faut compter plusieurs millions de francs en terme de budget et y ajouter un serveur sur disque dur. D’autres fabricants ont proposés des solutions similaires au SATIS de la Porte de Versailles.
Vous pouvez voir un tel dispositif de Barco installé à Paris en haut de la rue de Rennes, Place du 18 juin 1940, qui tourne en continu et en plein jour.
Le site de Barco est : http://www.barco.com
Pour le serveur vidéo voir le site :
http://www.alcorn.com/products/dvm2l/index.html
- Les murs de Led consomment une puissance électrique importante.
- Le format de 10,5 x 2,7 m n’est pas homothétique aux formats vidéo 4/3 et 16/9
Nous avons réalisé à Fontevraud un dispositif de cet ordre en intérieur, qui utilise de la vidéo HD en 1920 x 1080 sur un vidéo projecteur R6 de Barco (DLP 5000 lumens +/- 500 KF), avec un double système de cache : numérique sur l’image, et physique en sortie de projection.
Techniquement la performance semble inaccessible dans les conditions établies, quelle serait le résultat de l’utilisation d’une image vidéo de mauvaise qualité ? Encore un faux semblant de technologie maîtrisée?
Quelques images et quelques notes % Bibliothèque des sciences, 2002 su flickr…