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Posté le 13 octobre 2008 dans pédagogie / rencontres -> lien permanent
En Quoi Est-il Opportun De Réfléchir Sur Le Cinéma Quand Il Est Question D’apprendre à  Scénariser L’interactivité ?

En quoi est-il opportun de réfléchir sur le cinéma quand il est question d’apprendre à  scénariser l’interactivité ? C’est vrai que nous pourrions prendre la photographie comme terrain d’approche, ou encore notre perception du monde. Il est important que nous mettions le doigt sur les structures dynamiques interactives naturelles.  Nous sommes sans cesse en train d’articuler des éléments, nous cogitons, nous produisons de l’intelligence… Et l’intelligence c’est la structuration d’ensembles abstraits de réseaux relationnels. Ce sont des interactions. Ces mouvements nous permettent d’appréhender d’une certaine manière le monde et de le comprendre. Lier des idées, interfacer des liaisons, voilà  ce qu’est produire de l’intelligence. Alors quand nous pensons, voyons, parlons (n’est ce pas à  peu près la même chose vu de l’intérieur) nous relions. Nous faisons des ponts entre des éléments du(es) monde(s). Ces ponts nous permettent de faire naître des idées. Les émotions qui se dégagent de ces liaisons sont fondamentales. Ces émotions se fondent principalement sur les formes d’interactions et les résultats de ces interactions. C’est-à -dire que dans une ‟ idée ” la forme des liens (mouvement) et la qualité des impacts (portée) sont fondamentaux.

Alors quand je vois qu’il pleut et que je vais chercher un parapluie pour sortir, s’enchainent une quantité incroyable d’actions-réactions à  diverses échelles et de diverses importances. Imaginer cette scène nous fait manipuler de la culture, notre connaissance contextuelle du monde : des images mentales bien définies qui se sont ancrées en nous avec le temps. Nous sommes capables de rejouer instantanément toutes les situations identiques et de résumer cet ensemble de moments en une suite d’instructions. Instructions qui nous guident. Mais est-ce bien nous que nous imaginons ? Nous attachons à  cette abstraction une part l’expérience de notre personne. Nous lions des choses étrangères car nous ne pensons pas à  une fois en particulier mais à  cette situation en général. A cette idée nous lions celle de nous. Nous nous projetons. Voir cette scène (en être témoin dans la réalité) relève d’un mécanisme plus complexe puisque nous projetons sur la personne la part de connaissance à  priori que nous avons d’elle. C’est à  dire que ses gestes ne sont plus abstraits comme les nôtres précédemment mais lus au travers du filtre cognitif que nous avons de la personne. Nous jugeons la situation. Je parle de connaissance à  priori parce que nous ne sommes pas la personne (est-ce si évident ?),  et même si nous la connaissons bien, elle n’est là , dans notre vision que la représentation que nous avons d’elle. Il faut bien comprendre que cette représentation n‘est pas figée, elle évolue tout le temps, c’est un modèle qui se réajuste sans cesse. Bref, voir cette scène, c’est aussi figurer le lieu réel, le temps (la pluie) réel, le monde à  un moment donné de la même manière. Si nous sommes spectateurs et acteurs, c’est encore une fois une mise en place différente que si nous voyons une photographie de cette situation. Image où des moyens (intentions et manipulation d’outils) ont été ‟ maîtrisés ” pour que puissions comprendre toute la complexité de la situation sans la voir. A cette échelle nous jouons directement avec la culture que nous avons des images (fixes ou animées) en général et de la photographie en particulier. Inconsciement nous comparons le cliché à  des référents.  Notre lecture s’écrit dans le temps à  partir d’un élément fixe. La vitesse est représentée. Et au cinéma ?  C’est encore plus compliqué. Nous articulons des éléments dans des blocs de temps… Dans le temps s’écrivent des histoires… je vous renvoie à  la citation que j’avais mise de Gell-Mann. ‟ A mesure que chaque histoire se poursuit au fil du temps, elle enregistre un nombre croissant de ses résultats au hasard. Mais certains de ces accidents se gèlent et deviennent des règles pour le futur, du moins pour une certaine partie de l’Univers. […]”. Ce qu’il y a de particulier au cinéma c’est le flux, flux qui peut être discontinu. Nous ne sommes pas aussi distants qu’avec la photographie. Nous sommes embarqués dans une réalité qui nous prend du temps. Et ce temps à  une durée. Et c’est dans l’expérience de la durée que se joue notre vie… Sommes-nous encore des spectateurs au cinéma ? Sommes-nous extérieur à  l’action ? Quelle est la différence avec la photographie. Avez-vous assez de pistes pour réfléchir ?

Alors si je me mets à  parler de récits interactifs qu’est ce qui se passe ? Là  pour lier les éléments entre eux et construire du réseau, produire de l’intelligence dans le déroulement il faut que vous agissiez. Vous avez la responsabilité en tant que spectateurs d’engager votre corps dans l’histoire pour qu’elle se déroule. Et l’intelligence elle se joue au travers de vous. Vous faites. Alors si on parle de métaphore qu’est-ce qu’il se passe ? Si vous avez l’impression de faire semblant de jouer quelque chose vous sentez-vous plus acteurs ? Et su au contraire  vous êtes dans l’abstraction la plus totale… Qu’est ce qu’il se passe ? Où est-ce que cela se passe. Il faut entendre ce que vous voyez, entendre comme comprendre. Il faut apprendre à  mettre à  plat pour intégrer les processus. Le cinéma tient une place importante. J’ai beaucoup travaillé la fiction et le documentaire avant de me poser la question de l’interactivité. Le langage cinématographique est un (des) terrain à  connaître et à  intégrer. D’une part parce qu’il précède l’expression de l’interactivité et d’autre part  parce que nous y baignons malgré nous.

Ces notes sont des raccourcis. Je n’ai pas le temps ni la place pour m’étendre sur cette complexité. Mais de manière générale à  chaque fois il s’agit de mettre en jeu la dualité qui confronte une : l’ensemble des situations identiques que nous connaissons (pour les avoir vécues personnellement ou pour en avoir été témoin de quelque façon que ce soit) et une réalité : la situation donnée. Entre un élément intérieur et un élément extérieur. Entre ce que j’ai acquis et ce que je suis en train d’acquérir.  Il faut entendre l’importance de la qualité du geste. C’est elle qui fonde l’impact… Passer d’un plan à  un autre dans un film, glisser sa souris sur un mot… pour porter une intention et faire passer une idée.

 

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